Sauf opposition forte de la communauté, Canonical devrait remplacer Firefox par le navigateur Chromium de Google. Une trahison de l'esprit du logiciel libre ?

Cela peut sembler anecdotique. C'est pourtant une nouvelle très inquiétante pour Mozilla et pour les amateurs des logiciels libres. Souhaitant rendre Ubuntu toujours plus accessible au grand public, et pour répondre aux attentes d'une partie croissante des utilisateurs, Canonical a annoncé récemment qu'il pourrait bientôt prendre la décision de supprimer Firefox de sa distribution Linux, pour le remplacer par Chromium, la version open-source du navigateur Chrome de Google.

Outre la popularité de Chrome qui a dépassé Firefox en parts de marché, Canonical explique cette option par la volonté de se porter dès à présent sur un moteur webkit (au moment pourtant où Google penche vers Blink), ou de pouvoir lancer une application Unity Web Apps dans des fenêtres Chromeless, que n'offrent pas Firefox.

Mais comme l'explique parfaitement Geexxx, la décision est lourde de conséquences pour le monde du logiciel libre, même si sur le papier Chromium est également distribué en open-source, sous licence libre.

En particulier, utiliser Chrome c'est se rendre de fait dépendant des serveurs de Google pour la synchronisation des onglets, la sauvegarde des favoris, l'historique, etc., alors que Firefox permet de configurer un serveur Firefox Sync autonome si l'on souhaite se dispenser des serveurs de Mozilla. Par ailleurs, le fait de conforter la position dominante de Webkit fait que "les développeurs web ne codent plus en respectant les standards, ils codent en suivant les réactions de webkit", et donc "les bogues du moteur de rendu deviennent donc la norme, et le pouvoir passe des mains du W3C, un regroupement d’acteur du Web (dont Google, Mozilla, Apple, Microsoft, Oracle…) aux mains d’un seul groupe de personnes : les développeurs Webkit".

Enfin, et peut-être surtout, en attendant un éventuel succès commercial de Firefox OS, le navigateur Firefox reste la vache à lait de Mozilla. Plus de 80 % des revenus de la Fondation Mozilla proviennent de l'intégration du moteur de recherche Google comme moteur de recherche par défaut de Firefox. Moins les internautes utiliseront Firefox, moins Mozilla pourra financer ses autres projets ou le développement continu de son navigateur.

En France, selon AT Internet, Firefox représente 24,4 % de parts de marché, derrière Chrome (27,2 %) et Internet Explorer (27,5 %). 

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