Mardi soir, le gouvernement grec a coupé brutalement les antennes de diffusion du service audiovisuel public ERT, qui comptait trois chaînes de télévision et plusieurs radios. Privés de leur moyen traditionnel d’expression, les salariés du groupe continuent néanmoins de communiquer en utilisant les canaux officiels d’ERT sur Internet.

https://youtube.com/watch?v=SH8N8nzUhsY%3Ffeature%3Dplayer_detailpage

Mardi, le gouvernement grec a provoqué la stupeur en Grèce en annonçant la fermeture brutale de la télévision publique ERT, qui réunit trois chaînes de télévision. A 22h11, les antennes de l’homologue grec de France Télévisions ont cessé d’émettre, après que le gouvernement a accusé la direction d’une gestion scandaleuse des ressource publiques allouées à ERT.

Outre les chaînes de télévision, les stations de la radio publique nationale ont également cessé d’émettre, la police ayant reçu l’ordre de s’assurer que les antennes ne soient pas remises en route par un mouvement de rébellion spontanée. Les 2 655 salariés du groupe de télévision publique se retrouvent sans emploi, et selon le gouvernement grec, ERT ne rouvrira qu’une fois les effectifs réduits autour de 1500 salariés. Avec quelles pressions politiques supplémentaires sur le contenu ?

« En début de soirée, tout le monde pensait que les salariés de ERT allaient organiser la résistance, garder l’antenne et le contrôle de la situation, malgré le décret présidentiel autorisant dans l’après-midi la fermeture de l’entité. Mais c’est l’émetteur principal, situé sur le mont Hymette à l’est d’Athènes, qui a été neutralisé, privant d’un seul coup ERT de tout moyen de retransmission« , raconte Le Monde.

Une chaîne YouTube toujours active

Néanmoins, selon nos constatations, le site internet d’ERT continue de fonctionner normalement dans son contenu éditorial. Le visiteur est accueilli – ironie du sort ? – par un article qui dénonce en Une les « erreurs du FMI dans le programme grec« . On trouve néanmoins sur le site plusieurs articles relativement distanciés sur la décision du gouvernement, dont celui-ci qui dénonce le « préavis cruel et dégradant » opéré par le porte-parole du gouvernement Simos Kedikoglou, mais se contente de retranscrire fidèlement le réquisitoire formulé par ce dernier. Cet autre article relate a décision des salariés de l’ERT de « se dresser contre ceux qui conspirent contre l’avenir des journalistes », tandis que ce dernier évoque la « forte opposition à la fermeture de l’ERT » et l’appel à la grève de tous les « acteurs civiques, sociaux et politiques, scentifiques et hommes des arts et des lettres« .

Rien sur le site internet lui-même n’a changé. Il continue de fonctionner normalement, mais n’est cependant plus mis à jour depuis mardi. Le service qui permettait de regarder la télévision en live ne fonctionne pas non plus.

Des appels à manifester sur Twitter et Facebook

En revanche, la webTV d’ERT fonctionne toujours en se reposant sur YouTube pour la diffusion des reportages et des émissions enregistrées. La chaîne officielle ERTSocialNetworks a publié une nouvelle vidéo il y a seulement six heures, bien après la décision du gouvernement de couper le signal de diffusion. Elle couvre les manifestations qui ont eu lieu mardi soir devant les locaux d’ERT. Peut-être continuera-t-elle de publier d’autres émissions, pour contourner la coupure de l’antenne hertzienne.

Le fil Twitter de la télévision ERT continue lui-aussi de fonctionner. « Ils ne vont pas nous faire taire. Nous allons rester ici. Pas obéir aux ordres. Pas sortir, et ne pas abandonner« , dit un message publié cette nuit, accompagné du hashtag #OccupyRT, emprunté au fameux Occupy Wall Street du mouvement des « indignés » américains.

Idem sur Facebook, où les messages continuent d’être publiés sur la page Facebook d’ERT. « Nous lançons un appel à manifestation, ce mercredi à 11h« , dit un message publié ce mercredi matin. « Un grand merci à tous pour votre amour et votre soutien. Faites-nous parvenir les messages d’Arabie Saoudite, de Suède, d’Allemagne, d’Autriche, des Pays-Bas, du Canada, de l’Australie, de Belgique. Et bien sûr de toute la Grèce. Nous sommes ici, nous resterons ici« , ajoutait un autre un peu plus tard. L’entête de la page Facebook a été modifiée pour afficher l’appel à manifestations, sur fond noir. 

Néanmoins, Internet est loin d’offrir à ERT et à ses salariés le même niveau d’exposition que la télévision hertzienne. La chaîne YouTube ne compte ce mercredi matin que 1 600 abonnés ; le fil Twitter compte 13 400 abonnés ; et la page Facebook compte 32 000 fans. Ce qui ne veut pas dire que le gouvernement grec ne finira pas, non plus, par reprendre la main sur les comptes des réseaux sociaux.

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