En Louisiane, un jeune homme de 15 ans a été arrêté et risque une lourde peine, pour avoir uploadé sur YouTube une vidéo de « tuerie fantasmée » réalisée avec une application de réalité virtuelle pour iPhone.

Jusqu’où faut-il aller dans le principe de précaution, lorsqu’il s’agit de prévenir une fusillade dans une école ? Aux Etats-Unis, un lycéen de 15 ans a été arrêté par la police après avoir uploadé sur YouTube une vidéo de tuerie virtuelle réalisée dans son école, à partir de l’application Real Strike sur iPhone. Cette application permet de simuler une sorte de jeu de tir à la première personne (FPS), en proposant de tirer virtuellement sur les personnes filmées avec la caméra du smartphone. Il est alors possible d’enregistrer la session pour diffuser la vidéo sur Internet :

https://youtube.com/watch?v=Yh4mI2y6sPo%3Ffeature%3Dplayer_embedded

Loin de prendre le jeu pour un simple jeu, les autorités locales de Gray, en Louisiane, ont décidé d’agir après avoir été alertées par des parents d’élèves, inquiets que l’adolescent de 15 ans puisse passer de l’imaginaire filmé à la réalité. Les policiers ont donc procédé à son arrestation, et le jeune homme est désormais poursuivi pour avoir « terrorisé » ses concitoyens.

Comme l’indique Techdirt, la loi de Louisiane condamne le fait de « communiquer intentionnellement des informations selon lesquelles la commission d’un délit ou d’un crime violent est imminent (…) avec l’intention de causer aux membres du public une crainte soutenue pour leur sécurité, ou de causer l’évacuation d’un bâtiment, d’une structure publique, ou d’un moyen d’un transport, ou de causer d’autres troubles sérieux à l’ordre public« . Elle prévoit jusqu’à 15 000 dollars d’amende et 15 ans de prison.

Pourtant à aucun moment l’adolescent n’a menacé de passer du virtuel au réel. C’est uniquement la paranoïa des autorités et des parents, justifiée par les nombreuses tueries qui ont lieu régulièrement aux Etats-Unis, qui a alimenté la « terreur ». 

« Il a dit que (la vidéo) était le fruit de sa frustration et du fait qu’il était fatigué d’être harcelé. Il a dit qu’il n’avait aucune intention de blesser qui que ce soit« , a raconté le shérif. Mais « nous devons prendre toutes les menaces au sérieux et nous n’avons aucun moyen de le savoir sans enquêter et aller jusqu’au bout des choses« .

En France, l’article 322-14 du code pénal punit de 2 ans de prison et 3000 euros d’amende « le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise« . Cette loi est régulièrement utilisée pour condamner les fausses alertes à la bombe. Mais elle n’a, à notre connaissance, jamais été mise en oeuvre pour condamner une simple intention déduite à tort ou à raison d’une vidéo publiée sur Internet.

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