Breaking Bad, vous connaissez ? Créée par Vince Gilligan, cette série américaine raconte les tribulations d’un professeur de chimie (interprété par Bryan Cranston) qui, se sachant atteint d’un cancer du poumon à un stade avancé, plonge dans la fabrication et le trafic de stupéfiants avec un ancien élève (joué par Aaron Paul) afin de mettre sa famille à l’abri du besoin.
Composée de cinq saisons, la série s’est achevée le mois dernier. Tout au long de sa diffusion, Breaking Bad a été salué par la critique et le public et a raflé de nombreuses récompenses (50 sur 151 nominations, dont de nombreux Emmys, Saturn Awards, Satellite Awards et Golden Globes). Et en marge de cette carrière télévisée exceptionnelle, Breaking Bad a aussi été très apprécié sur le net.
La série a été fortement piratée par les adeptes du téléchargement illicite, en témoigne les statistiques fournies par Kat.ph et par les autres sites de liens BitTorrent. À titre d’exemple, on comptait plus de 500 000 téléchargements douze heures à peine après la diffusion de l’épisode final.
Interrogé par la BBC sur le phénomène du piratage et son impact sur l’industrie audiovisuelle, le créateur de la série a tenu un discours plutôt nuancé. Aux yeux de Vince Gilligan, le piratage représente effectivement un problème pour le secteur, mais l’Américain ne peut que constater que la circulation illicite de Breaking Bad sur la toile a contribué à la popularité de la série.
Le piratage : un bon côté, un mauvais côté
« Si je suis honnête, je vois bien que le téléchargement illicite a conduit beaucoup de personnes à regarder la série, ce qui n’aurait pas été le cas sinon. À certains égards, je vois que le téléchargement illicite nous a aidé, notamment en termes de notoriété de la ‘marque’ Breaking Bad, donc c’est un bon point« . Mais pour Vince Gilligan, cela ne représente qu’un côté de la médaille.
Le téléchargement illicite a aussi des désavantages, explique-t-il. « L’inconvénient, c’est que beaucoup de gens qui ont travaillé sur la série auraient pu gagner davantage d’argent [sans le piratage, ndlr], moi compris. Nous avons tous besoin de manger, nous avons tous besoin de gagner notre vie« , avant de préciser qu’il est lui-même déjà « très bien payé » et ne peut guère se « plaindre« .
Le cas Game of Thrones
Les propos de Vince Gilligan sont à rapprocher des diverses remarques concernant cette fois Game of Thrones. On se souvient que l’un des réalisateurs de la série a expliqué que le piratage d’une œuvre sert sa visibilité et sa popularité. HBO, la chaîne qui diffuse la série, y a vu de son côté un compliment, tandis que la maison-mère, Time Warner, a déclaré que le piratage est plus flatteur qu’un Emmy.
Bien entendu, ces commentaires n’empêchent pas les uns et les autres de chercher des pistes efficaces pour contrer le phénomène du piratage. Mais force est de constater que la stratégie employée ne consiste pas uniquement à brandir le bâton contre les internautes. Des mesures incitatives sont également développées, notamment en collant au plus près de la diffusion télévisée américaine.
Reste une question en suspend, que Vince Gilligan a indirectement relancé lors de l’interview : le piratage est-il en fin de compte le meilleur vecteur d’exposition pour une œuvre, malgré les inconvénients réels ou supposés qu’on lui prête ?
( photo : CC BY RanZag )
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