Vous sortez de longues années d’études, riche de prestigieux diplômes délivrés avec mention par une grande école et des expériences acquises dans des stages sous-payés, quand vient enfin le moment d’enchaîner les entretiens pour trouver le premier employeur de sa vie. En France, après LVMH et L’Oréal, c’est Google qui est aujourd’hui le plus désiré. Malgré sa jeunesse, la société américaine s’est créée une solide réputation, notamment à travers ses fameux 20 % de temps de travail consacré à des projets personnels, et ses locaux pleins de couleurs, de plantes, de jeux et de salles de repos, qui laissent entrevoir un paradis pour jeune diplômé.
Mais la réalité est bien moins glorieuse, si l’on en croit les quelques témoignages publiés par des employés ou anciens employés de Google sur Quora, où quelqu’un demandait « quels sont les pires aspects du travail chez Google« . Les réponses, résumées par Business Insider, montrent un Google qui semble avoir de plus en plus de mal à concilier l’état d’esprit qui a fait sa réussite, avec la réalité de la gestion d’un cheptel de plus de 30 000 employés d’élite, et d’une concurrence de plus en plus rude.
Quelques points clés qui ressortent des témoignages (beaucoup ressortiraient sans doute dans d’autres grandes entreprises) :
- Parce qu’il reçoit beaucoup plus de candidatures de très haut niveau que de postes à pourvoir, Google recrute des candidats sur-qualifiés pour leur travail. Ainsi, des ingénieurs qui ont six ou sept ans d’étude derrière eux se retrouvent affectés au support technique de Google Adsense, ou même au traitement des alertes de contenus inappropriés publiés sur YouTube. Entrer chez Google en étant fortement diplômé n’est en aucune façon une garantie de réaliser un travail passionnant ;
- Parce que Google a plus de 30 000 employés, de très haut niveau, il est très difficile de se faire remarquer par la qualité de son travail, qui reste largement ignoré par la direction ;
- Les employés de Google ont conscience d’être l’élite de l’élite, et sont hautins, prétentieux, arrogants,… Chacun estimant valoir plus que le voisin, et avoir les meilleures idées (le point qui semble le plus couramment cité) ;
- Il est très difficile de se concentrer et de travailler efficacement dans des locaux où une grande place est réservée aux espaces collaboratifs, aux salles de repos et de jeux, aux salons avec télévision, etc., alors que les bureaux eux-mêmes sont petits, et souvent partagés entre plusieurs directeurs de projets ;
- Il est très difficile d’avoir un impact sur la politique de Google puisque les projets sont verrouillés par la nécessité d’entretenir la « machine à billets » qu’est AdWords, et sont désormais guidés par une stratégie fixée par le siège de Mountain View.
- Beaucoup d’employés de Google passent plus de temps à se relaxer, à discuter et à s’amuser, qu’à réellement travailler.
Comme le résume l’un des témoins, « si vous me demandez si ça vaut le coup de travailler chez Google, oui, ça vaut le coup. Vous apprendrez beaucoup de choses« . Mais, « est-ce que ça vaut le coup d’y rester ? Non. C’est mauvais pour votre karma, vous pourriez devenir l’un d’entre eux« .
L’un des participants à la discussion cite également les propos de Stephen Cohen, cofondateur de Palantir : « Si vous sortez diplômé de Stanford à 22 ans et que Google vous recrute, vous travaillerez de 9 heures à 17 heures. Probablement plutôt entre 11 heures et 15 heures pour le dur labeur. Ils vous paieront bien. C’est relaxant. Mais ce qu’ils font en réalité, c’est de vous payer pour accepter un taux de croissance intellectuelle beaucoup plus faible (…) Puis une chose effrayante peut arriver : vous pourriez réaliser un jour que vous avez perdu votre avantage concurrentiel. Que vous ne serez plus le meilleur.«
En d’autres termes, Google pourrait avoir perdu de vue la pyramide de Maslow, qui hiérarchise les besoins chez les individus. Travailler chez la firme de Mountain View apporte sans aucun doute une réponse aux besoins physiologiques (avoir de quoi se nourrir et se loger) et aux besoins de sécurité (stabilité du travail, environnement apaisé…), et probablement également aux besoins d’appartenance et d’amour (Google est une entreprise reconnue et appréciée). En revanche, ces témoignages laissent dubitatifs sur la réponse apportée aux besoins d’estime (reconnaissance des autres, confiance,…) et d’accomplissement de soi.
Evidemment, la vidéo officielle de présentation de la « vie au travail » dans les bureaux parisiens de Google raconte une toute autre histoire :
https://youtube.com/watch?v=V8HnmpIFUPk%3Ffeature%3Dplayer_embedded
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