Sans aucune explication, et sans aucun moyen de "faire appel", Google a rendu introuvable un article de Numerama critiquant la censure pudibonde exercée par Google. L'article reste affiché aux seuls utilisateurs qui désactivent le filtre "SafeSearch", lequel n'est déjà plus désactivable dans plusieurs pays.

Va-t-on enfin réaliser à quel point la censure par Google est un danger démocratique, renforcé par la position ultra-dominante du moteur de recherche américain ? Si vous vous rendez aujourd'hui sur Google et recherchez notre article revendiquant le droit de parler de la nudité et d'en montrer sur Internet, dans lequel nous critiquions la volonté de Google d'imposer partout dans le monde une censure ultra-puritaine, vous ne le trouverez probablement pas.

Ce n'est pas son titre provocateur qui lui vaut d'être censuré par le moteur de recherche, puisque "parler de cul" est une expression qu'accepte Google :

Si vous connaissez le titre de notre article par coeur, et cherchez très explicitement "Du droit à parler de cul et à le montrer (un peu) sur Internet", vous ne trouverez pas directement l'article de Numerama, mais uniquement des reprises sur d'autres sites :

Rien n'indique que Google a censuré un résultat, et même le résultat principal. Et pourtant c'est le cas. En effet, l'article re-devient visible lorsque l'on désactive le filtre SafeSearch, censé "empêcher le contenu réservé aux adultes de s'afficher dans les résultats de recherche" (lisez ou relisez l'article, et dites-nous s'il vous paraît devoir être réservé aux adultes…) :

A aucun moment Google n'explique pourquoi notre article a été censuré (notre petit doigt nous dit que ce sont les images des statues antiques), et rien ne permet de s'y opposer. La page de SafeSearch permet de "signaler un contenu choquant", mais aucun outil n'est mis à la disposition des éditeurs de sites internet pour protester contre une censure qu'ils jugeraient abusive.

On ne parle plus là de faire respecter avec zèle un contrat critiquable entre un éditeur et sa régie publicitaire, ce que certains avaient trouvé normal, mais bien de rendre un article de presse invisible à tous les utilisateurs de Google, en raison de son contenu. De le rendre invisible sur le moteur de recherche utilisé par 95 % des Européens.

Pour le moment, il est encore possible de désactiver SafeSearch. Mais ça n'est déjà plus le cas depuis près d'un an aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, et en Nouvelle-Zélande. Soyez assurés que ça ne sera bientôt plus possible non plus en France.

Il sera alors vraiment impossible de trouver notre article, et tant d'autres de tant d'autres sites. Ce qui n'empêche pas le président de Google de prétendre que la censure est en voie de disparition dans le monde.

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