Est-ce un accent de sincérité, ou une simple opération de communication pour tenter de minimiser l'impact économique de la révélation des liens entre Google et la NSA à travers le programme PRISM ? Alors que des ingénieurs de Google sont sortis de leur réserve pour dire tout le mal qu'ils pensaient des pratiques de surveillance de la NSA, le président du conseil d'administration de Google, Eric Schmidt, multiplie les sorties pour prendre ses distances avec les opérations menées par le gouvernement américain.
Selon la chaîne CNBC, Eric Schmidt aurait affirmé lors d'une conférence au Paley International Council Summit de New York que Google avait envisagé la possibilité de déménager ses serveurs hors des Etats-Unis, pour échapper à la surveillance de la NSA et au Patriot Act, qui permet aux autorités d'accéder aux données personnelles stockées sur le sol américain.
"En fait, nous y avons réfléchi et il y a beaucoup, beaucoup de raisons pour lesquelles il est impossible pour Google de quitter les Etats-Unis, même si c'est tentant", a-t-il assuré. "Mais la raison pour laquelle c'est une idée intéressante, c'est parce que les entreprises américaines sont sujettes à ces règles, le FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), le Patriot Act, et ainsi de suite, et cette surveillance gouvernementale est vraiment un problème".
"La position de Google, c'est que ça nous enrage", a-t-il affirmé au sujet des révélations sur l'espionnage des serveurs de Google par les Etats-Unis. Mais Eric Schmidt confirme que ce sont bien des considérations industrielles qui l'ennuient le plus, puisqu'ils font naître des vocations de "cloud souverain", par exemple au Brésil ou en Europe.
Se mettant à la place des pays qui doivent protéger la confidentialité de leurs citoyens et entreprises, le président de Google prévient que "la chose la plus évidente que vous pouvez faire est d'interdire ces services américains (…), en exigeant une localisation des données. En demandant que les serveurs soient dans votre pays sous votre contrôle, ce qui casse l'Internet".
Les premiers à prendre conscience du problème, bien avant les révélations d'Edward Snowden, étaient les Pays-Bas, qui ont imposé un cloud national à leurs administrations dès 2011. En France, la question du cloud souverain a également été posée à la même époque, ce qui a donné naissance à deux consortiums, Cloudwatt (Orange/Thales), et Numergy (SFR/Bull).
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