Sommes-nous à ce point prévisibles que des algorithmes pourront demain rédiger des tweets ou des messages sur Facebook à notre place, sans trahir ce que l'on aurait écrit spontanément ? Google semble le penser, avec un brevet qui vient d'être publié, qu'il a déposé dès juin 2011. La firme de Mountain View y décrit un système qui suggère à l'individu les réponses à apporter à un événement ou à un message particulier, pour que celui-ci puisse se contenter de valider la suggestion sans même avoir à faire un effort de réflexion et de rédaction.
Selon le brevet, Google exploiterait toutes les données à sa disposition, telles que les e-mails, SMS, MMS, messages publiés sur les réseaux sociaux, etc., pour apprendre à connaître la psychologie de l'utilisateur et à anticiper la manière dont il réagirait, par exemple, à l'annonce faite par un ami qu'il a trouvé du travail.
"Il est extrêmement important pour les utilisateurs qu'ils agissent de façon adéquate en fonction du réseau social sur lequel ils opèrent. Par exemple, il peut être très important de dire "félicitations" à un ami quand cet ami annonce qu'il a trouvé un nouveau travail", illustre ainsi Google. "Avec une connectivité toujours plus importante et une liste croissante de contacts en ligne, et étant donné le nombre d'informations que les utilisateurs mettent en ligne, il est possible qu'une personne rate une telle information".
L'hypocrisie automatisée
Le système imaginé par Google irait donc lire les différents messages publiés par les contacts, déterminerait leur importance en fonction de l'importance que donnerait l'utilisateur à ce message s'il le lisait lui-même, et rédigerait automatiquement une suggestion de réponse.
"Le module d'analyse de suggestion coopère avec le module d'interface utilisateur et l'arbre décisionnel pour générer des réactions ou des messages suggérés que l'utilisateur peut envoyer", explique Google. "L'analyseur de suggestions coopère avec l'arbre décisionnel pour apprendre le comportement de l'utilisateur et ajuster automatiquement les messages qui sont générés dans le temps". Dit autrement, si l'utilisateur modifie la suggestion qui lui est faite, parce qu'il a pensé par lui-même, le logiciel apprendra de cette modification et s'adaptera pour comprendre encore mieux l'utilisateur, et lui faire de meilleures suggestions à l'avenir.
Dans un exemple, Google imagine une conversation semi-automatisée dans laquelle "David envoie à Alice un message public ou privé d'un type particulier mais régulièrement rencontré (par exemple, "comment ça va ?")". En analysant les données disponibles, le système reconnaît alors automatiquement que David a changé d'employeur récemment, qu'Alice a déjà parlé boulot avec David, et "génère une réponse telle que "Salut David, ça va bien. Tu étais chez ABC ces trois dernières années et tu es maintenant chez XYZ, tu aimes ton nouveau lieu de travail ?"".
Ou comment robotiser l'hypocrisie, et ne plus permettre aux gens de savoir quand leurs interlocuteurs démontrent une attention réelle et sincère.
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