Une pétition internationale, réunissant plus de 560 auteurs et intellectuels ainsi que 5 prix Nobel, réclame l'arrêt de la surveillance électronique, qui a été révélée cet été par Edward Snowden. De nombreuses personnalités du monde culturel ont soutenu cet appel, dont Frédéric Mitterrand.

Voilà maintenant plusieurs mois que les activités très secrètes de la NSA ont été exposées à la lumière médiatique. Chaque semaine ou presque, de nouveaux articles sont publiés dans la presse et rendent compte de l'étendue du scandale, grâce au choix décisif d'Edward Snowden de subtiliser ces informations pour dénoncer les agissements des grandes agences de renseignement occidentales.

Depuis, la classe politique est à la croisée des chemins : saura-t-elle reprendre le contrôle de ces agences, en redessinant le cadre de leurs actions afin de redonner du corps aux valeurs occidentales, ou laissera-t-elle les choses en l'état, au nom de la lutte contre le terrorisme et de la raison d'État ?

C'est sur ce dilemme qu'une nouvelle pétition entend peser. Sur le site Change.org, un appel signé par 562 intellectuels et artistes condamne la surveillance de masse et réclame son arrêt, car elle sape les fondements de la démocratie. "Une personne sous surveillance n'est plus libre ; une société sous surveillance n'est plus une démocratie", lancent les signataires.

La pétition regroupe des personnalités de plus de 80 pays, dont cinq prix Nobel de littérature : Günter Grass (Allemand, 1999), J. M. Coetzee (Australien, 2003), Elfriede Jelinek (Autrichienne, 2004), Orhan Pamuk (Turc, 2006) et  Tomas Tranströmer (Suédois, 2011). Plusieurs Français sont également signataires, dont le cinéaste Jean-Jacques Beineix. L'écrivain Umberto Eco et la chanteuse Björk ont aussi paraphé la pétition.

La pétition révèle d'ailleurs une petite surprise dans la liste des personnalités appelant à l'arrêt de la surveillance de masse : Frédéric Mitterrand. L'ancien ministre de la culture et de la communication sous Nicolas Sarkozy, également écrivain, appelle lui aussi à la cessation de l'espionnage par les gouvernements et les entreprises.

On se souvient que Frédéric Mitterrand n'avait pas fait preuve d'une grande solidarité à l'égard de WikiLeaks, dont la spécialité est de diffuser des informations confidentielles. Or, le sujet contre lequel Frédéric Mitterrand s'élève aujourd'hui, à savoir l'espionnage, a justement été rendu possible par la fuite de documents confidentiels (bien que ceux-ci ne soient pas diffusés de manière brute, contrairement à WikiLeaks).

Outre l'appel demandant l'arrêt de l'espionnage des communications électroniques, la pétition invite les citoyens à se manifester pour faire respecter leurs droits. Elle demande aussi la création d'un "Bill of Digital Rights" (une déclaration des droits numériques) au niveau des Nations Unies, afin de mieux encadrer les données personnelles, et qui devra être signé et ratifié par les gouvernements.

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