Se considérant traités comme de sous-citoyens, les habitants d'un village de Haute-Vienne ont décidé de faire la grève de l'impôt tant que l'Etat ou les collectivités locales ne leur donneront pas les moyens d'avoir accès à internet à un débit correct.

L'affaire traîne depuis 2008, et tous les habitants de Bussy, sur la commune de Sainte-Anne-Saint-Priest (Haute-Vienne), ont décidé d'employer désormais la méthode forte et illégale pour se faire entendre : la grève de l'impôt. "On est considéré comme des citoyens de seconde zone", raconte un villageois à France 3 Limousin. "On n'a pas les moyens de communication que l'on devrait avoir comme tout le monde en France".

Malgré des pétitions et des courriers envoyés aux élus, la vingtaine d'habitants n'a pas réussi à obtenir ce qui est considéré par la cour de cassation comme un droit fondamental du citoyen : un accès à Internet. Et le temps passant, plus la technologie progresse, plus c'est même l'accès à haut débit qui devient un droit fondamental. Or selon le quotidien local Le Populaire, dont l'article est cité par Big Browser, "les lignes téléphoniques ne sont pas éligibles à l’ADSL et France Télécom a renoncé depuis longtemps à investir dans ce domaine".

Le village se situe dans ce que les opérateurs appellent une "zone blanche", située trop loin des centraux téléphoniques pour assurer la qualité de signal suffisante pour l'ADSL, et trop dépeuplée pour justifier économiquement la mise en place de relais. En 2012, il y avait encore plus de 250 000 foyers connectés à Internet par bas débit.

Mais au nom de l'égalité de tous sur l'ensemble du territoire national, l'accès à internet relève du service universel. Pour remédier aux zones blanches, l'Arcep mise donc sur différentes technologies, dont le Super-Wifi, le WiMax, ou l'accès à internet par satellite. En juin dernier, le député UMP Pierre Morel A l'Huissier avait proposé la création de "zones à handicap numérique" pour aider les ménages à s'équiper en accès à internet par satellite. Mais sa proposition connaît pour le moment le même sort que celle déjà proposée en 2011, qui était tombée dans les oubliettes du Parlement.

Or la proposition faite par Pierre Morel A l'Huissier est exactement ce que réclament les habitants de Bussy. "Si l'on ne veut pas que nos impôts locaux servent à financer les travaux (pour avoir l'ADSL), qu'on nous donne un crédit d'impôt pour avoir accès à une parabole et un accès à internet par satellite", demande un habitant.

De son côté, le syndicat mixte Dorsal, constitué en 2003 pour couvrir les zones blanches en Wimax, reconnaît que "nous avons malheureusement dans la région des zones comme celles-ci où, effectivement, l’on ne peut rien faire". 

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