Diffusée par la BBC, la série TV Sherlock rencontre un fort succès au Royaume-Uni mais aussi dans le reste du monde. Elle est aussi très partagée sur Internet. Pour lutter contre le piratage de la série, la BBC expérimente en Chine une sortie quasi-simultanée d'une version sous-titrée. Celle-ci est en effet disponible quelques heures à peine après la diffusion britannique.

Face au piratage des œuvres audiovisuelles sur le net, les ayants droit ont le choix entre deux stratégies : ils peuvent brandir le bâton judiciaire pour contraindre les internautes qui ne respectent pas le droit d'auteur à revenir dans les clous de la légalité, ou bien ils ils peuvent tendre la carotte de l'offre légale afin de réorienter leurs habitudes de consommation vers des plateformes licites.

Rien n'empêche un ayant droit de poursuivre ces deux approches en même temps, dans la mesure où elles ne s'excluent pas. En revanche, l'une est définitivement plus efficace que l'autre pour orienter les internautes vers l'offre légale : il est plus facile de conquérir un utilisateur en lui exposant des contenus de qualité qu'en le forçant à les consommer sous la menace d'un procès pour contrefaçon.

Il y a divers moyens pour améliorer l'offre légale. Dans le cas d'une série TV, il vaut mieux qu'une chaîne française colle au plus près de la diffusion américaine pour éviter que le public, frustré de ne pas pouvoir le dernier épisode immédiatement, ne se tourne vers des canaux alternatifs pour récupérer une copie. Et cela ne demande pas de déployer des trésors d'ingéniosité ou de dépenser une énergie folle.

Orange a suivi cette tactique pour plusieurs séries télévisées américaines, dont Game of Thrones. Les épisodes de la saison 3 étaient fournis un jour après leur diffusion à la télévision américaine. Évidemment, il s'agissait de la version originale sous titrée en français (VOSTF) et non pas de la version française, toute l'équipe technique en charge du doublage ne pouvant achever ce travail dans un délai aussi court.

L'intervalle d'une journée entre la diffusion américaine et la diffusion française est relativement court, en comparaison du temps qu'il a fallu pour que la série Docteur House soit diffusée légalement en France : trois ans. Mais c'est encore un peu long face à des passionnés qui proposent des épisodes "fastsub" (c'est-à-dire des copies dont les sous-titres ne sont pas très bien travaillés).

Aussi l'effort de la BBC vis-à-vis de Sherlock, une série télévisée mettant en scène Benedict Cumberbatch dans le rôle de Sherlock Holmes et Martin Freeman dans celui de John Watson, est tout à fait spectaculaire. En effet, la chaîne britannique a trouvé un accord avec une plateforme de streaming chinoise pour sortir les épisodes de Sherlock en Chine… deux heures après la diffusion au Royaume-Uni.

L'attitude de la chaîne de télévision britannique est très positive, car elle s'est tout simplement adaptée à la situation : elle a non seulement pris en compte le fait que la Chine est l'un des pays où le piratage est le plus prospère, mais elle a aussi intégré le fait que le public chinois apprécie énormément la série Sherlock. Ces éléments en main, la BBC a donc pris l'initiative.

Le cas particulier de la BBC en Chine pourrait en tout cas inspirer d'autres chaînes. Cela nécessite toutefois un travail en amont. Outre la signature d'un accord préalable, il faut préparer le sous-titrage des épisodes en fonction des langues des pays dans lesquels les séries concernées seront diffusées. Mais c'est un chemin qui ne peut pas être esquivé pour celui qui veut lutter contre le piratage par l'offre légale.

( photo  : CC BY-SA RanZag )

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