L'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a mis en ligne l'édition 2014 de son "classement mondial de la liberté de la presse", qui fait figurer cette année la France en 39ème position. C'est un recul de deux crans par rapport à l'année dernière. Il y a 10 ans, lors du classement 2004, la France se plaçait encore à la 19ème place.
Selon la méthodologie (.pdf) détaillée par RSF, le classement se base sur un score calculé à partir de six notations réalisées à partir de questionnaires, sur le pluralisme, l'indépendance des médias, l'environnement et l'autocensure, le cadre l'égal, la transparence, et les infrastructures. A cela est ajouté une septième note, relative au degré de violences subies par les journalistes.
Le détail de chaque pays n'est pas encore communiqué, mais les rapports de RSF sur la France montrent que deux actualités ont pesé dans la balance : la fusillade au siège de Libération (et la tentative à BFM TV), la loi de programmation militaire adoptée sans saisine du Conseil constitutionnel, alors qu'elle fait peser un risque d'accroissement de la surveillance sans juge. D'autres critères ont probablement pesé, comme le report du texte sur la protection des sources des journalistes.
Les Etats-Unis dégringolent
Selon le classement, les trois pays du monde où la liberté de la presse est le mieux assurée sont tous d'Europe du Nord : Finlande, Pays-Bas et Norvège. A l'opposée figure l'Erythrée, qui réussit l'exploit d'avoir une note pire encore que la Corée du Nord.
"Les pays qui se prévalent de l’État de droit ne donnent pas l’exemple, loin de là. La liberté de l’information cède trop souvent devant une conception trop large et une utilisation abusive de la sécurité nationale, marquant un recul inquiétant des pratiques démocratiques. Le journalisme d’investigation en pâtit parfois gravement comme aux États-Unis (46e), qui perdent 13 places", dénonce Reporters Sans Frontières.
"L’un des reculs les plus marquants, dans un contexte accru de traçage des sources et de chasse aux lanceurs d’alerte. La condamnation du soldat Bradley Manning ou la traque de l’analyste de la NSA Edward Snowden sont autant d’avertissements à ceux qui oseraient livrer des informations dites sensibles, mais d’intérêt public avéré, à la connaissance du plus grand nombre."
"Depuis la prise de fonctions de Barack Obama, la situation ne s’est guère améliorée sur le fond. On ne traque plus le journaliste ? On chasse sa source en l’utilisant parfois comme rabatteur. Ce ne sont pas moins de huit individus qui ont été inculpés au titre de l’Espionage Act depuis l’accession au pouvoir de Barack Obama, contre trois sous l’administration Bush. L’année 2012 fut en partie celle de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. L’année 2013 retiendra le nom d’Edward Snowden, informaticien de la National Security Agency qui dénonça les programmes de surveillance massive développés par les services de renseignements des États-Unis. Le « donneur d’alerte », voilà l’ennemi. D’où la peine de trente cinq ans de prison infligée au soldat Manning, soupçonné d’être la « taupe » de WikiLeaks."
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