"C'est très bien, il faut qu'il y ait une consolidation, c'est une nécessité dans notre secteur". Interrogé par La Tribune, le PDG d'Orange Stéphane Richard s'est félicité des offres de rachat de SFR déposées par Bouygues Telecom et par Numericable. "Nous ne sommes pas hostiles en soi à la réduction du nombre d'opérateurs en France", a-t-il confié, faisant un parallèle avec la situation allemande où KPN et Telefonica fusionnent leurs activités mobiles.
Si Stéphane Richard y voit une bonne nouvelle, c'est sans doute qu'il espère que la consolidation du marché des télécoms mettra fin à la guerre des prix en France. Moins il y a d'acteurs à démarcher des clients, plus il est facile d'avoir une entente de fait sur les prix, chacun se satisfaisant de sa part de marché. "Le fait qu'il n'y ait que deux offres françaises est un message fort : il n'y a pas beaucoup d'investisseurs étrangers prêts à mettre de l'argent dans les télécoms en France, vu le climat de concurrence qui y règne", souligne ainsi Stéphane Richard.
Il est à cet égard remarquable que Free n'a pas réellement répliqué à la nouvelle offre BBox, si ce n'est en agitant mollement une offre AliceBox Initial qui restera méconnue du grand public (voir à ce sujet notre comparatif des offres fixes). C'est peut-être le signe implicite d'une forme de paix des braves, qui est un effet redouté par l'Arcep, grand promoteur de la concurrence entre opérateurs télécoms.
La fusion d'Orange et Deutsche Telekom
"Le régulateur et les opérateurs peuvent être fiers d'avoir permis au marché des télécoms de redonner, en temps de crise, du pouvoir d'achat aux Français", s'était ainsi félicité le président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicanni, lors de ses voeux 2013.
Mais Stéphane Richard voit aussi sûrement à plus long terme. Car si le marché français se concentre, c'est aussi le cas de beaucoup d'autres marchés nationaux en Europe. Or avec la fin progressive des tarifs de roaming, le marché européen va se libéraliser pour aboutir à un véritable marché unique des télécoms. Il faudra alors être en mesure de constituer des groupes européens puissants.
Et l'on ré-entendra alors parler de fusion entre Orange et Deutsche Telekom.
Dans cette perspective élargie, la fusion de SFR et Bouygues Telecom, ou SFR et Numericable, n'apparaît pas très menaçante… Elle pourrait même au contraire faciliter le feu vert des autorités de contrôle, lorsque se posera la question du sort des concurrents, au moment où la fusion entre géants européens sera sur la table de l'Autorité de la concurrence et de la Commission Européenne.
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