Dans le milieu du renseignement, l'échange d'information entre services secrets est d'ordinaire bien délimité. Chaque agence conserve ses petits secrets et s'abstient d'en dire trop à un partenaire, surtout s'il dépend d'une puissance étrangère. Mais il arrive parfois que la collaboration entre deux structures alliées aille si loin qu'elle finit par atteindre les opérateurs et leurs clients.
C'est ce que révèle une enquête du Monde publiée ce jeudi. D'après le quotidien, qui s'appuie sur une note des services secrets britanniques (GCHQ) obtenue par Edward Snowden, la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a tissé des liens suffisamment étroits avec leurs homologues outre-Manche que les premiers ont mis en contact les seconds avec Orange, l'ex-opérateur historique.
Selon cette note, le GCHQ allait en 2010 "s'apprêter à utiliser l'opérateur français pour ses propres besoins". Il n'est pas précisé si les services britanniques ont effectivement utilisé Orange dans le cadre de leur mission et, si oui, comment : est-ce un accès aux compétences, via les ingénieurs de l'opérateur ? Est-il question d'un accès aux infrastructures ? S'agit-il d'un accès aux données, personnelles ou non ?
Le journal rappelle que la DGSE et Orange (anciennement France Télécom) entretiennent des relations informelles mais très solides. L'opérateur a dans ses rangs des individus habituées au secret défense et ces derniers font la liaison avec les services secrets français. Et c'est cette relation qui est perçue par les puissances étrangères comme un "atout majeur", écrit Le Monde.
L'État tolère-t-il cet état de fait ? Il faut croire que oui. Sous couvert d'anonymat, des responsables français ont indiqué au Monde que le savoir-faire d'Orange, qui a d'abord été une administration, contribue à la sécurité du territoire et à l'autonomie de décision des dirigeants français et que les liens avec la DGSE y contribuent, même si "à ce niveau-là, c'est sous nos radars" du fait de son "autonomie en termes de stratégie".
Les documents récupérés par Edward Snowden, s'ils concernent essentiellement la NSA, ont également mis en lumière l'existence de programmes d'espionnage mis au point par les services secrets français pour espionner les communications électroniques et dont la substance est ensuite extirpée et dispatchée pour d'autres agences étatiques.
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