Le hasard du calendrier donne parfois à l'actualité une teinte très particulière. Dans un contexte où la Russie et l'Occident ont de profondes divergences de vue sur l'avenir de l'Ukraine et la situation en Crimée, au point que des mesures de rétorsion sont prises de part et d'autre, voilà que Moscou a annoncé que les ministres du gouvernement Medvedev vont devoir abandonner les iPad par mesure de sécurité.
Selon les informations du journal Kommersant reprises par Courrier International, la décision russe n'est absolument pas liée à l'actualité internationale ou aux sanctions occidentales. Certes, Apple est une société américaine et les États-Unis se sont montrés très critiques sur la manière dont la Russie gère le dossier ukrainien. Mais ce sont des considérations techniques qui ont pesé.
"Les tablettes Samsung sont pourvues d'un système de sécurité adapté aux communications confidentielles et qui a été testé avec sévérité", a affirmé le ministre des communications. En creux, il faut comprendre que les tablettes Apple ne disposait pas d'une protection équivalente ou que celle proposée n'a pas réussi à passer avec succès les tests de sécurité.
À la place, les ministres devront utiliser des tablettes de la marque Samsung. Il n'est pas précisé si les nouvelles consignes gouvernementales s'appliquent uniquement aux ministres ou concernent l'ensemble du personnel peuplant les ministères. En outre, quid du système d'exploitation ? Car en effet, les terminaux du groupe sud-coréen sont généralement livrés avec l'O.S. Android.
On se souvient qu'en 2012, l'Institut central de recherche scientifique, dépendant du gouvernement russe, a annoncé la mise au point d'un système d'exploitation très proche d'Android afin justement de n'envoyer aucune donnée vers des serveurs étrangers (donc vers Google). Baptisé RoMos (Russian Mobile Operating System), le système visait en particulier le marché militaire.
Est-ce que ces tablettes Samsung seront livrées avec RoMos, avec une version durcie d'Android ou une version de base ? Ni Kommersant ni Courrier International ne mentionnent la plateforme logicielle qui accompagnera ces appareils. Or, ces questions ne sont pas anodines en particulier lorsque l'on prend la décision de remplacer du matériel à la tête d'un État au nom de la sécurité.
La décision russe constitue en tout cas pour Samsung une publicité tout à fait positive, même si le constructeur sud-coréen a également été confronté à des polémiques sur la sécurité des terminaux et la confidentialité des données, exactement comme Apple, qui est désormais associé au scandale PRISM faisant que chaque vulnérabilité découverte entraînera de lourds soupçons.
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