Charité bien ordonnée commence par soi-même, dit le proverbe. Très en pointe dans la lutte contre le piratage sur Internet, les industries du divertissement ont largement encouragé le renforcement de la législation afin de contraindre les internautes à arrêter une fois pour toutes d'échanger des œuvres protégées par des droits d'auteur. En France, la mesure emblématique est incontestablement la riposte graduée.
Mais avant de faire la chasse aux pirates du dimanche, sans doute devraient-elles s'intéresser aux activités de ses propres employés. Car visiblement, certains salariés des principaux studios de cinéma et des majors de l'industrie musicale ne sont pas les derniers à échanger des fichiers sur BitTorrent ou à envoyer des contenus sur des services d'hébergement de fichiers en un clic.
La RIAA et la MPAA sur MegaUpload
Selon des statistiques consultées par Torrentfreak concernant MegaUpload, au moins 490 comptes sur l'ex-plateforme de Kim Dotcom sont liés à la MPAA et à la RIAA, les deux grandes associations interprofessionnelles de l'industrie du divertissement aux États-Unis, la première défendant les intérêts des studios hollywoodiens et la seconde ceux des maisons de disques.
Parmi ces 490 comptes (ce qui est assez peu au regard du nombre total d'employés), il y a eu 181 paiements pour obtenir un accès premium (envoi et réception de fichiers sans limite de poids, espace de stockage illimité, pas de délai d'attente, priorité lors du téléchargement…).
Au total, 16 455 fichiers ont été mis en ligne, pour un poids estimé à 2100 Go. En outre, il ne s'agit-là que des comptes qui ont pu être repérés aisément, selon Torrentfreak. Il pourrait y en avoir beaucoup plus.
La MPAA compte parmi ses membres Paramount, Sony Pictures, Twentieth Century Fox, Universal, Walt Disney Studios et Warner Bros. De son côté, la RIAA rassemble Sony, Universal et Warner ainsi que des centaines de labels.
À supposer que des employés de studios ou de labels se sont servis de MegaUpload, rien ne prouve en l'état qu'ils l'ont fait pour échanger des contenus protégés par le droit d'auteur. Bien que la MPAA et la RIAA aient considéré le service comme une plaque tournante du téléchargement illicite, tous les fichiers hébergés n'étaient pas illégaux (même si les contenus légitimes étaient minoritaires).
Des suspicions qui ne sont pas nouvelles
Si la nature des fichiers envoyés par les membres de la RIAA et de la MPAA sur MegaUpload, on peut cependant raisonnablement supposer qu'ils n'étaient pas tous légaux. Rappelons en effet que des adresses IP attribuées aux principaux studios de cinéma américains ont été repérées sur le réseau BitTorrent en train de télécharger des œuvres sous copyright. Idem pour la RIAA.
Des adresses IP utilisées par le Palais de l'Élysée et au ministère de la culture avaient aussi été découvertes en train d'échanger des fichiers protégés sur BitTorrent, mais l'Élysée avait démenti ainsi que la Rue de Valois. Mais comme nous l'indiquions alors, ces constats ne prouvent absolument pas que agents de l’État sont aussi des pirates.
Ces adresses IP ont pu apparaître dans les trackers sans pour autant qu'elles soient effectivement utilisées pour pirater des fichiers (on se souvient de l'idée de The Pirate Bay, est très éclairante en la matière) ou être attribuées à d'autres internautes. Il a aussi été suggéré que les accès Internet des studios de cinéma, de l'Élysée ou du ministère aient pu être piratés, même si ce n'est pas le plus évident.
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