Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé la création prochaine d'un poste de cyberpréfet qui devra travailler sur les cybermenaces, notamment celles visant les entreprises françaises.

La sphère numérique aura bientôt son "cyberpréfet". Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a en effet annoncé à l'occasion des 6èmes rencontres parlementaires de la Sécurité nationale à Paris la création d'un nouveau poste destiné à "coordonner" le nouveau plan "stratégique" de "lutte contre les cybermenaces", "ainsi que l'action des services spécialisés" du ministère.

Ce cyberpréfet devrait travailler en particulier avec la direction générale de la sécurité intérieure (ex-DCRI), puisque celle-ci a notamment pour mission de prévenir et réprimer les actes portant atteinte au secret de la défense nationale ou à ceux portant atteinte au potentiel économique, industriel ou scientifique du pays, ainsi que la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication.

Le cyberpréfet aura notamment à gérer le problème des attaques informatiques, qui viseraient plus d'un tiers des sociétés françaises de moins de 250 salariés. À quoi servent-elles ? À nuire à un concurrent ? À dérober des secrets commerciaux ou industriels ? À récupérer des données personnelles ? Le ministre n'est pas entré dans le détail, notant simplement que la "cyberdéfense compte parmi les priorités".

La cyberdéfense, un sujet en expansion

La cyberdéfense est un enjeu qui a pris beaucoup d'ampleur depuis 2009. Le précédent gouvernement a ainsi lancé une structure dédiée (agence nationale de la sécurité des systèmes d'information qui appuie notamment les industries françaises. L'équipe actuelle a de son côté pris un décret obligeant les opérateurs télécoms à se soumettre à des contrôles de l'État, dans une perspective de sécurité nationale.

Chez les militaires, ce sujet est aussi considéré avec sérieux. Évoqué une première fois en 2008 lors du précédent livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, il est devenu "priorité nationale" depuis 2012 avec un passage sur la "lutte informatique offensive". Un corps de réservistes spécialisés a même été créé et la loi de programmation militaire est passée par là.

D'autres initiatives peuvent être signalées, allant des exercices visant à parer une attaque informatique majeure à la coordination des alliés européens et internationaux pour contrer le cybercrime, en passant par le site Internet-Signalement aux réflexions sur l'origine de certains matériels informatiques, suspectés de faciliter l'espionnage économique et industriel.

Selon Bernard Cazeneuve, toujours cité par l'AFP l'arrivée du cyberpréfet s'inscrit dans une politique initiée depuis plusieurs mois déjà avec l'envoi d'une "feuille de route" afin de "renforcer" le rôle de l'Etat dans le domaine de l'intelligence économique et d'améliorer la formation des personnels. Et en la matière, ce sont vraisemblablement surtout nos alliés qu'il faudra contrer

La France est aussi très active dans l'intelligence économique

La France elle-même serait très active dans ce domaine. Selon des documents de la National Intelligence Estimate, la France est un pays très actif dans le piratage informatique à des fins d'intelligence économique, au point de rivaliser avec l'activisme de la Chine, d'Israël et de la Russie. Une affirmation relancée récemment par l'ancien ministre de la défense, Robert Gates.

( photo : CC BY-SA Rama )

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