Face à l'omniprésence de Google sur le web, la riposte essaie de s'organiser. Lancé l'an dernier, le moteur de recherche français Qwant a reçu un soutien de poids. Le géant allemand de l'édition Axel Springer a décidé d'acquérir 20 % de la startup. Il faut dire que le groupe a avoué avoir "peur" de Google.

Le poids démesuré qu'a acquis Google dans la recherche en ligne constitue depuis plusieurs années maintenant une préoccupation majeure pour nombre de sociétés ayant des activités sur le net, en particulier celles qui sont en concurrence directe avec les solutions de la firme de Mountain View. En effet, ces entreprises craignent tout particulièrement que le moteur de recherche ne profite de sa position dominante pour favoriser ses propres services, au détriment d'une compétition loyale.

En Europe, la situation est particulièrement critique. Google gère en effet plus de neuf requêtes sur dix dans les cinq principaux pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), ne laissant que des miettes aux moteurs de recherche concurrents. L'inquiétude a finalement débouché sur une plainte en 2010, entraînant une enquête de la Commission européenne.

Qwant intéresse un géant de l'édition allemand

C'est dans ce contexte que la riposte à l'omnipotence de Google tente de s'organiser. Sur le Vieux Continent, le groupe de presse allemand Axel Springer, conscient de sa trop grande dépendance envers la firme de Mountain View, a décidé de miser sur un rival du groupe californien. Et c'est Qwant, un moteur de recherche français, qui a été sélectionné par le géant de l'édition.

Dans un communiqué, il est annoncé que la société allemande vient d'acquérir 20 % dans Qwant. Certes, il s'agit d'une participation minoritaire, mais qui traduit de fait la crainte d'Axel Springer face à l'Américain, au point de le pousser à investir dans une solution concurrente. "Il y a un véritable besoin pour de nouvelles offres sur le marché de la recherche en ligne", a d'ailleurs lâché l'un des cadres d'Axel Springer.

Il faut dire que la décision de Qwant de lancer une version en allemand de son moteur de recherche en mars dernier a quelque peu précipité les choses. Selon Les Échos, il n'a fallu que huit semaines pour que les deux parties s'entendent, preuve qu'elles ont bien compris où se trouve leur intérêt : l'ennemi de mon ennemi est mon ami, en quelque sorte.

"Nous avons peur de Google"

Il faut dire que Google fait très peur à Axel Springer, à tel point que le PDG du groupe de presse s'était fendu d'une lettre ouverte en avril dernier, que le Journal du Net a publié en intégralité.

"Nous ne connaissons pas d'alternative, qui offre même partiellement, à conditions technologiques comparables, l'automatisation de la commercialisation publicitaire. Et nous ne pouvons pas renoncer à cette source de revenus, parce que nous avons besoin de cet argent de manière urgente pour de futurs investissements technologiques".

"Nous ne connaissons pas d'alternative en moteurs de recherche qui permettrait de  garantir ou d'accroître notre portée en ligne. Une grande partie des médias de qualité obtiennent leur trafic surtout par Google. Pour les autres, avant tout dans les secteurs non journalistiques, le consommateur ne trouve l'accès au fournisseur presque uniquement par Google".

"Nous – et bien d'autres – sommes dépendants de Google. […]. Ainsi la déclaration "si Google ne vous convient pas, vous pouvez vous désinscrire et aller ailleurs" est à peu près aussi réaliste que le conseil d'un adversaire du nucléaire à renoncer simplement à l'électricité. Cela n'est justement pas possible dans le monde réel – à moins de vouloir entrer dans la communauté Amish".

Qwant, qu'est-ce que c'est ?

Qwant, rappelons-le, est un moteur de recherche français qui a été conçu en toute discrétion ces deux dernières années et a profité d'un investissement important de plusieurs millions d'euros. Si la plateforme s'est d'abord basée sur les API de Bing, le moteur de recherche de Microsoft, elle s'efforce depuis de proposer une solution bâtie sur ses propres algorithmes.

Si Qwant n'arrive pas encore à la cheville de Google, le service est néanmoins de plus en plus utilisé. En 2013, 507 millions de requêtes ont été traitées par le moteur de recherche ; pour 2014, ce sont 1,2 milliard de recherches en ligne qui devraient avoir été effectuées, selon des statistiques communiquées aux Échos. Au cours des six premiers mois de l'année 2014, il y en a déjà eu plus de 500 millions.

Outre le fait de constituer une alternative à Google, Qwant promet aussi de "respecter la vie privée des utilisateurs". Tout comme DuckDuckGo, le moteur de recherche français essaie de profiter des multiples révélations qui ont éclaboussé Google lorsque les activités de surveillance généralisée de la NSA ont été dévoilées au grand jour.

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