Comptant 10 millions de clients, Spotify est l'un des services de streaming musical les plus populaires. Convaincue de la qualité de ses offres, la plateforme est persuadée qu'elle peut pousser davantage de pirates à devenir des auditeurs réguliers… et légaux.

Le service de streaming musical Spotify s'est visiblement assigné une mission civilisatrice, celle de convertir les internautes adeptes du téléchargement illicite en auditeurs revenus dans les clous de la légalité. C'est en effet ce qui ressort d'un récent entretien donné à CNET par la directrice en charge des activités de la plateforme suédoise en Australie, Kate Vale.

"Les gens qui piratent de la musique et ne paient pas pour elle, ce sont ceux-là que nous voulons sur notre plateforme. C'est important pour nous d'atteindre ces individus qui n'ont jusqu'à présent jamais payé pour de la musique dans leur vie, et les amener sur un service qui est légal et qui reverse de la monnaie aux titulaires de droits" a-t-elle déclaré.

Avançant une statistique invérifiable, Kate Vale a assuré "qu'en ce moment en Australie, nous pensons qu'il y a 2,8 millions de personnes qui téléchargent de la musique illégalement chaque mois. Nous croyons que c'est environ 30 titres par mois, soit un niveau stupéfiant d'un milliard de chansons par an". Son souhait ? En convaincre la moitié de revenir du côté des offres légales.

Spotify place-t-il une trop grande confiance dans sa capacité à peser sur le phénomène du piratage ? Lancé en 2008, le service suédois a des arguments en faveur. Sa fréquentation, d'abord : en l'espace de six ans, dix millions d'internautes ont fini par souscrire l'un des abonnements mis à disposition, tandis que trente autres millions d'usagers passent par la formule gratuite. Le succès est clairement au rendez-vous.

Un effet Spotify en Suède et en Norvège

Son impact, ensuite. En 2011, un sondage conduit en Suède a souligné le rôle de Spotify dans la réduction des habitudes de piratage. Sur les deux dernières années précédant l'enquête, le taux de piratage aurait baissé de 25 %, grâce en particulier au rôle de la plateforme musicale. C'est d'ailleurs cet exemple que Kate Vale a utilisé pour souligner l'efficacité de l'approche de Spotify.

"Depuis notre création, le piratage a été réduit d'environ 30 %, ce qui est énorme, et nous aimerions penser que [lorsque le marché australien deviendra mûr], nous aurons certainement un impact semblable", a-t-elle ajouté.

Un phénomène similaire a aussi pu être observé en Norvège, selon un rapport Ipsos couvrant les années 2008-2012. Le rôle de l'offre légale a alors tenu un rôle-clé dans la réduction du piratage, notamment musical. À l'été 2012, la presse norvégienne indiquait que pratiquement la moitié de la population dispose d'un compte sur un service légal d'écoute de musique en ligne.

Reste à savoir si Spotify remportera son pari en Australie. Le piratage, en tout cas, n'est pas une fin en soi. Ce n'est que la traduction de l'inadaptation du droit d'auteur et de la rémunération des créateurs à l'ère numérique, conjuguée à la pauvreté de l'offre légale. Ce sont ces problématiques qu'il faut régler, plutôt que de durcir année après année l'arsenal répressif pour contraindre les internautes à plier l'échine.

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