On savait la gendarmerie nationale française très attachée aux valeurs et aux atouts intrinsèques du logiciel libre, au point d'envoyer paître Microsoft au profit de Linux, d'une façon magistrale. "Depuis de nombreuses années, la gendarmerie a essayé de s'affranchir de ce type de dépendance et de promouvoir le logiciel libre pour son système d'information (postes de travail et serveurs)", avait rappelé un général de la Gendarmerie dans un courrier envoyé en 2013 à l'Etat, pour s'opposer à l'obligation qui lui était faite d'acheter pour chaque poste de travail des licences Microsoft, pour bénéficier d'un antivirus installé sur un serveur distant. "C'est pourquoi elle ne déploiera pas la solution retenue".
Lorsque la Gendarmerie a annoncé lundi qu'elle ne souhaitait pas poursuivre elle-même le développement d'un logiciel créé en interne, GENDEFIX, utilisé par les enquêteurs dans les enquêtes criminelles, et qui repose lui-même pour partie sur des logiciels libres, on s'attendait à ce qu'elle le verse dans le pot commun des logiciels libres. Il lui est arrivé, par le passé, de publier des contributions (en revanche les sources du système GendBuntu déployé dans les gendarmeries et dérivé de Ubuntu ne sont pas publiques).
Mais à la place, la Gendarmerie propose plus classiquement de céder le logiciel à qui pourra "permettre la poursuite du développement de GENDEFIX", dans ce qui ressemble à une forme de sous-traitance. "Un cahier des charges technique sera envoyé par mail aux candidats retenus jusqu’au 31/10/2014", précise le communiqué, qui demande à chaque personne ou organisation intéressée de décrire son pedigree.
La Gendarmerie n'a donc pas eu le réflexe — ou la volonté — de communiquer son logiciel au public sous licence libre, pour permettre un développement collaboratif. Il semble pourtant que la connaissance de l'outil développé par la Gendarmerie ne serait d'aucun intérêt pour les criminels tentés de cacher leurs traces, et qu'il aurait en revanche un intérêt pour beaucoup d'autres acteurs, dans d'autres domaines que l'enquête criminelle.
"L'outil idéal pour raconter un voyage"
Selon le descriptif livré, "GENDEXIF est un outil portable multiplateforme très simple d’utilisation permettant le traitement automatisé d’un grand volume de photographies et leur analyse de manière intuitive et visuelle sur un fond cartographique Google Maps ou OpenStreetMap".
"A cela s’ajoute une fonction d’export au format KML pour une exploitation via le logiciel « Google Earth » et l’édition d’un rapport PDF en un clic. La vérification de la cohérence des informations de localisation et la recherche d'informations de reverse geocoding (adresse postale et altitude) sont effectuées lors du scan. A l’issue de l’analyse les rapprochements entre images géotaggées et non géotaggées sont proposés automatiquement. Un mode immersion Street View permettant de mettre en perspective les photos avec la vue terrain est disponible ainsi qu’un mode dual combinant un affichage Street View et cartographique planaire synchronisés".
"GENDEXIF est optimisé pour fonctionner en mode bi-écrans, avec un affichage galerie se mettant à jour automatiquement en fonction des filtres retenus sur la vue cartographique. L’application actualise également les résultats au fil des images reçues. Hors cadre forensique, il s’agit par exemple de l’outil idéal pour raconter un voyage en images avec un parcours agrémenté de photographies souvenirs", vante la Gendarmerie. "L’application gère également les photographies non géolocalisées en offrant la possibilité d’ajouter automatiquement les données de localisation à partir d’un fichier de log GPS au format GPX".
Mais hélas, il est très peu probable que les sources soient mises à disposition. Une occasion manquée.
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