L'heure est grave pour la Quadrature du Net. L'association risque en effet de disparaître dans les tous prochains jours, faute de financement lui permettant de continuer son action en 2015. Pour Philippe Aigrain, l'un des six membres du collège d'information stratégique et cofondateur historique de la Quadrature du Net, la situation est extrêmement critique. Si rien n'est fait, l'association appartiendra au passé.
"On a fait les comptes à La Quadrature du Net et ce n’est pas de la blague. On va fermer boutique. Pas dans un an, dans 2 semaines. […] En tant que président de l’association, je n’ai qu’une responsabilité par rapport aux autres membres du collège d’orientation stratégique, c’est de savoir dire « non, là on arrête » quand c’est nécessaire", écrit-il sur son blog. Et le temps de mettre un coup d'arrêt est peut-être venu.
Car le constat est déprimant. Rares sont les personnes à se mobiliser vraiment, par des dons ou des actions concrètes. "Apparemment, à part les 2000 personnes qui ont déjà fait des dons à La Quadrature cette année, quel que soit leur montant, les autres ne sont pas au courant ou bien s’en foutent. […] Alors, il faut qu’on sache en tirer les leçons".
"L'Internet raisonnablement libre, la capacité de chacun à s’y exprimer, à y créer son ou ses identités, à y tisser des liens et agir, les moyens d’échapper au moins en partie à la surveillance, la promotion des valeurs du partage contre l’économisme autiste, ce n’était qu’une manie pour quelque geeks mal dégrossis. Alors on se taille, on vous dira où dès qu’on saura", conclut-il.
DES DONS, MAIS INSUFFISANTS
À l'heure actuelle, selon la page pour les dons, il y a eu un peu plus de 2200 versements à la Quadrature du Net, soit un total supérieur à 82 000 euros. L'association doit encore en récolter un peu plus de 47 000 pour boucler son budget. Vu les délais, il sera a priori très difficile de combler un tel écart, à moins d'un sursaut des internautes, qui sont directement concernés par les actions de la Quadrature du Net.
Sa disparition serait catastrophique.
Depuis 2008, elle s'est en effet engagée sur un nombre croissant de sujets : la riposte graduée de la Hadopi, la neutralité du net, la surveillance globale de la NSA, la défense des données personnelles, la critique de futurs accords internationaux (ACTA, TAFTA…), la réforme du droit d'auteur, la liberté d'expression sur Internet, la défense de la vie privée… pour ne citer que quelques exemples.
Au regard des enjeux, de plus en plus nombreux et qui requièrent une expertise très fine , l'association a besoin de salariés à temps plein pour peser sur les débats. Aujourd'hui, elle compte huit membres du collège d'information stratégique, et cinq salariés. L'argent reste, hélas, le nerf de la guerre.
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