Suite au piratage de ses données distribuées au grand jour sur BitTorrent et sur des sites de téléchargement direct, Sony Pictures avait tenté de faire pression sur la presse pour lui interdire de parler des documents qu'elle obtenait par recel d'intrusion frauduleuse dans ses systèmes. Las, il semble bien que les journaux américains menacés n'ont tenu aucun compte de la mise en demeure reçue d'un cabinet d'avocats, et que la presse continue à fouiller dans les documents pour démontrer, par exemple, la corruption de la justice par Hollywood.
Au moment où Sony a commencé à envoyer ses courriers d'avocats aux journaux, nous nous étions demandés s'il ne s'agissait d'un réflexe d'un autre siècle, alors que "n'importe quel internaute peut aujourd'hui télécharger et fouiller lui-même le contenu des archives, et en faire la publication anonyme sur un blog ou un réseau social".
Mais qu'à cela ne tienne. Sony Pictures veut aussi partir en chasse contre ces internautes-là. Ainsi le Wall Street Journal dévoile un courrier (.pdf) reçu lundi par Twitter, par lequel Sony Pictures demande la suspension du compte de Val Broeksmit, @BikiniRobotArmy, qui fait lui-même son petit travail journalistique amateur, en publiant quelques informations qu'il glane dans les documents de Sony (par exemple sur ce que coûtent les droits de la biographie de Steve Jobs).
"Si Twitter ne se conforme pas à cette requête, et si l'information volée continue à être disséminée par Twitter d'une quelconque manière, (Sony Pictures) n'aura pas d'autre choix que de tenir Twitter responsable de tout dommage", menace le cabinet d'avocats, qui remercie par ailleurs Twitter pour les actions qu'il a entrepris par ailleurs pour suspendre d'autres comptes qui publiaient des informations issues des documents confidentiels.
Interrogé par IT World, Twitter a confirmé avoir reçu la lettre lundi après-midi, sans préciser la suite qu'il comptait lui donner. A l'heure où nous publions ces lignes, le compte est toujours en ligne.
L'affaire étant désormais publique, Twitter ne pourra plus se contenter de fermer les comptes discrètement. Il devra faire le choix de défendre la liberté d'informer des journalistes amateurs — dont la Commission nationale consultative des droits de l'Homme rappelait l'an dernier qu'ils sont autant à protéger que les journalistes professionnels ; ou de défendre plutôt les droits de Sony. Une situation que l'on devine très inconfortable.
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