Même si leurs voix seront bien insuffisantes pour avoir le moindre impact sur les scrutins, EELV et Nouvelle Donne ont prévenu cette semaine qu'ils s'opposeraient à l'édiction d'une nouvelle loi sécuritaire pour renforcer la lutte contre le terrorisme.

La formation politique Nouvelle Donne, qui agrège des personnalités issues de la société civile et des politiques essentiellement de gauche, a publié ce vendredi un communiqué pour mettre en garde contre la tentation d'une union nationale qui serait mal orientée, vers encore davantage de sécuritaire. Elle rejoint le point de vue exprimé notamment par la Ligue des Droits de l'Homme.

Alors qu'une nouvelle loi est déjà annoncée, notamment pour renforcer le contrôle sur Internet, le jeune parti prévient que "pour toute personne ayant suivi les politiques gouvernementales successives depuis plus d’une dizaine d’années, ce refrain trop connu signifie invariablement la mise en place de dispositifs opaques restreignant chaque fois davantage les libertés fondamentales des citoyens, notamment en élargissant les pouvoirs de police aux dépens du pouvoir judiciaire".

Porté par Isabelle Attard, seule députée Nouvelle Donne du Parlement, le communiqué appelle le gouvernement à faire prioritairement une "évaluation des politiques récentes en matière de lutte contre le terrorisme", et à revoir "l’organisation interne des services administratifs chargés du traitement du renseignement", jugeant qu'il y a eu des "défaillances" et qu'il faut "réévaluer les moyens humains et financiers indispensables à leur bon fonctionnement".

EELV également opposé

Pas question pour Nouvelle Donne d'accepter un nouveau recul du judiciaire au profit de la police. "Nous refusons l’extension des pouvoirs administratifs relatifs à la surveillance, la répression et le fichage informatique car ils s’opposent au plein exercice du pouvoir judiciaire, en violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs", prévient l'organisation, qui invite à lire les arguments de la Quadrature du Net. "Pour les mêmes raisons, nous refusons l’introduction de mesures destinées à restreindre l’accès à l’information sur internet sous prétexte de lutte contre le terrorisme. A ce titre, nous tenons à rappeler que la radicalisation des auteurs des attentats sanglants de la semaine dernière ne s’est pas faite sur internet, mais bien au contact d’autres extrémistes."

De son côté, Europe Ecologie Les Verts (EELV) a fortement laissé entendre qu'il devrait également s'opposer à une nouvelle loi, lors de ses voeux à la presse, mercredi dernier. "Le débat est d’ores et déjà ouvert sur la manière dont nous devons répondre (au terrorisme). Mettons-nous en garde contre les élans guerriers", a ainsi demandé Emmanuelle Cosse, la secrétaire général du mouvement, qui compte 15 députés et 9 sénateurs élus.

"Face à la terreur, les écologistes préconisent le même remède que celui avancé par les responsables politiques norvégiens après le drame d’Utoya : “plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie"", a-t-elle plaidé. "C’est bien le mot « liberté » qui était scandé ce week-end dans la rue. Demander plus de protection et le maintien des valeurs de la France ne veut pas dire accepter des procédures d’exception, du toujours-plus sécuritaire, comme nous l’avons vu durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy" .

"La facilité, c’est de demander à la va-vite un Patriot Act à la française, la déchéance de la nationalité, la fermeture des frontières, voir le rétablissement de la peine de mort, comme l’ont fait de nombreux responsables de droite et d’extrême droite. Le Patriot Act n’était pas une mesure de protection, mais bien une mesure de déconstruction des droits, des libertés et finalement, de la sécurité. S’inscrire dans ce chemin serait aujourd’hui irresponsable."

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