La semaine dernière, nous évoquions la dernière modification majeure de l'algorithme de Facebook qui diminue la visibilité des pages que vous aimez et des commentaires que vous écrivez. Contrairement à ce que prétend le réseau social, l'objectif n'est pas d'améliorer la pertinence de ce que l'utilisateur voit sur son fil d'actualité, mais bien au contraire de baisser la visibilité de sites internet qui bénéficiaient d'un afflux naturel de visites par le bouche-à-oreille sur le réseau social, pour tenter de les obliger à accepter de payer des sommes très importantes pour ne pas perdre l'audience qu'ils gagnaient autrefois naturellement.
Nous faisions en effet remarquer que Facebook mettait beaucoup en avant auprès des animateurs de pages la possibilité de "promouvoir" la page contre argent sonnant et trébuchant, à un prix exorbitant pour qui n'a rien ou pas grand chose à vendre. Dans notre exemple, le réseau social réclame près d'une cinquantaine d'euros par jour (!) pour gagner seulement "entre 36 et 144" clics sur le bouton "j'aime", et ainsi tenter de fidéliser quelques lecteurs supplémentaires (ce modèle peut être rentable pour un site e-commerce, absolument pas pour un site gratuit comme Numerama).
Or ce n'est peut-être qu'un hasard, mais il n'a même pas fallu attendre une semaine après l'annonce du nouvel algorithme pour que Facebook nous envoie samedi dernier par e-mail une publicité pour son offre de mise en avant sur le réseau social. "Votre Page Numerama joue un rôle important pour vous permettre d'atteindre toutes les pages qui comptent pour vous. Et lorsque vous faites la promotion de votre Page sur Facebook, vous pourrez trouver et communiquer avec encore plus de personnes qui deviendront votre meilleure audience", nous indique la société de Mark Zuckerberg. Sans doute le même courrier a-t-il été envoyé à beaucoup d'éditeurs de pages Facebook, qui pensaient avoir acquis une communauté, et qui se voient proposer de la louer.
Autrefois, lorsque les internautes voyaient une page Web qu'ils trouvaient intéressante à partager, ils l'envoyaient par e-mail à leurs contacts. Aucun fournisseur d'adresses e-mail ne faisait alors le tri pour effacer les courriels reçus et pour envoyer ensuite ses commerciaux démarcher les sites lésés, afin de leur vendre une campagne de prospection. Mais c'est exactement ce qui se passe sur Facebook, sous le prétexte (en partie réel, mais en partie seulement) d'aider l'internaute à ne plus voir que ce que l'intéresse sur son fil d'actualité, et plus tout ce que ses amis ont décidé de partager avec lui.
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