"Celui qui contrôle le présent contrôle le passé. Celui qui contrôle le passé, contrôle le futur", disait George Orwell. Dit autrement, qui contrôle l'information contrôle le monde. D'où l'importance de s'interroger sur le pouvoir d'influence sociale et politique d'un moteur de recherche, lorsque 95 % des internautes en France obtiennent les mêmes réponses à leurs questions, lorsqu'ils utilisent tous Google pour rechercher des informations sur internet.
Pour se donner une idée du pouvoir d'influence que peut avoir Google sur la politique législative française, nous avons comparé les résultats de trois requêtes témoin concernant le projet de loi Macron, la loi anti-terrorisme adoptée en novembre 2014, et le projet de loi sur le renseignement actuellement en discussion au Parlement.
En particulier, nous avons observé la place qu'accordent Google, Bing, DuckDuckGo et Qwant aux sites officiels de l'Etat dans les premiers résultats affichés.
Sur la loi Macron, Google est le seul à afficher un résultat officiel provenant de l'Etat, et celui-ci figure en toute première position. Il renvoie à une page du site officiel du Gouvernement qui communique sur les intérêts de la "loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques".
Sur la loi anti-terrorisme de 2014, qui permet notamment de bloquer des sites sur simple ordre du Gouvernement, sans passer par la validation par un juge des accusations d'apologie du terrorisme, Google affiche une part quasi exclusive de ses premiers résultats aux sites officiels de l'Etat. Seul parvient à se glisser FranceTV Info, qui reste toutefois un média détenu par l'Etat, donc à l'indépendance toujours sujette à caution malgré la volonté affichée par les journalistes. Les autres moteurs mettent tous en avant deux articles du Monde, dont un qui affirme sans détour que le projet de loi anti-terrorisme est "dangereux". De cela, l'utilisateur de Google n'en saura rien s'il se contente des résultats officiels affichés :
Enfin sur le sujet plus chaud de la loi Renseignement, Google se montre au contraire le plus prompt à afficher des résultats qui dénoncent le projet de loi porté par Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian et Christiane Taubira. Juste après les actualités, c'est le site Sous-Surveillance.fr créé par la Quadrature du Net qui apparaît en tête des résultats. On échappe heureusement à la mise en avant du faux Vrai/faux du Gouvernement.
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