On se croirait revenu il y a des années, lorsque Francis Lalanne était déjà l'un des seuls artistes populaires à se dresser ouvertement contre ce qui n'était encore qu'un projet de loi Hadopi, notamment dans une émission mémorable de France 3. Alors qu'aujourd'hui même une mission du Sénat pousse pour durcir la loi Hadopi avec des amendes de 140 euros, à la demande d'artistes et de producteurs, Francis Lalanne est de nouveau celui qui tente d'appeler les siens au bon sens.
Il l'a fait jeudi sur France Inter, en présentant son recueil De Mémoire Amoureuse, qu'il présente comme un livre sur l'amour mais aussi comme "une réflexion sur l'art, et la relation entre l'art, l'argent et les gens".
"On a trop fait dérivé la notion de l'art à cause de l'argent", accuse-t-il, en pensant immédiatement à la loi Hadopi, qu'il juge "scandaleuse". "Quand j'ai vu tous ces artistes se mobiliser pour qu'on agresse des gens qui allaient télécharger des oeuvres… Pour moi ça a même remis en cause le principe-même du droit d'auteur, comme étant un principe éminemment contestable".
"ETRE ARTISTE N'EST PAS UN ACTE DE COMMERCE"
"Ce qui m'a le plus choqué c'est que des artistes demandent à ce qu'on prenne des mesures de rétorsion contre le public. Je ne vois pas comment un artiste digne de ce nom pourrait s'opposer à la libre circulation de la culture, et moi ça m'a vraiment emmené en moi à chercher la part de mon activité qui pour moi me semblait justement reliée au principe du commerce, et celle qui ne l'était pas. Pour moi c'est clair que être artiste n'est pas un acte de commerce. Pour moi l'acte de commerce c'est d'être artisan. Ce qui sort de mon esprit, de mon âme, quand j'écris, je n'ai pas besoin d'argent pour écrire, c'est ma nature. Après, quand je vais confectionner un objet — que ça s'appelle un livre, un disque…, il est juste qu'on le vende aux personnes qui veulent l'acheter."
"Le droit d'auteur, s'il doit être remis en question dans sa configuration ancienne, je pense que c'est légitime. A ceux qui prônent Hadopi, j'avais juste envie de leur dire : tu poses une porte, tu te fais payer pour ça ; est-ce qu'après il faut faire payer à chaque fois que quelqu'un ouvre et ferme la porte ?".
En 2011, Francis Lalanne avait même été jusqu'à publier son livre "Révoltons-nous" sous licence libre.
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