Un développeur a publié un script open-source qui permet de vérifier les caractéristiques génétiques d'une personne avant de donner accès à un site ou une application en ligne. Il s'appuie sur l'API de l'entreprise 23AndMe, qui a déjà analysé l'ADN de plus d'un million de clients américains. Eugénisme 2.0.

Hitler aurait adoré. Le Ku Klux Klan aussi. Un internaute a mis en ligne sur GitHub un script open-source baptisé "Genetic Access Control" (contrôle d'accès génétique), qui permet aux webmasters et créateurs d'applications de vérifier que certains critères génétiques sont remplis avant de donner à un internaute le droit d'accéder à un site ou à un service en ligne. Il faut présenter son ADN en guise de preuve.

Pour ce faire, GAC utilise les services d'une société américaine détenue en partie par Google. Le script exploite en effet l'API de 23AndMe, une entreprise de biotechnologie créée en 2006 par Anne Wojcicki, l'ex-épouse du co-fondateur de Google Sergey Brin. 23AndMe permet aux Américains d'envoyer par la poste un échantillon de leur ADN en prélevant leur salive chez eux, et d'obtenir en retour un profil génétique, pour 99 dollars seulement. Déjà 1 million de clients aurait ainsi alimenté les bases de la société avec leur ADN, rattaché à leur identité.

Pour des questions réglementaires 23AndMe ne propose plus pour le moment de déterminer les maladies que ses clients sont susceptibles de développer, mais l'entreprise fournit toujours des statistiques sur les origines probables de la personne. On peut ainsi voir quel pourcentage de son ADN provient des populations sub-sahariennes, européennes, asiatiques, scandinaves, françaises, russes, corses… plus 23AndMe a d'éléments de comparaison, plus il peut être précis dans la détermination du profil. La société dit être capable de remonter 750 lignées maternelles et plus de 500 lignées paternelles.

Par amusement, le service permet de trouver des personnes ayant un ADN proche du sien, donc probablement de la même famille. Beaucoup plus sérieusement, l'ambition de 23AndMe est surtout de proposer une médecine personnalisée basée sur l'ADN, qui fait que par exemple, une femme qui aurait le profil génétique typique d'une Juive ashkénaze se verrait proposer immédiatement un dépistage du cancer du sein et des ovaires, ces populations ayant statistiquement beaucoup plus de risques que les autres d'en développer.

L'API proposée par 23AndMe permet aux développeurs d'accéder au génotype de leurs utilisateurs et aux statistiques de proximité génétique :

Le script mis en ligne sur GitHub permet donc aux développeurs d'exploiter l'API de 23AndMe comme mode d'authentification de l'utilisateur, afin de les autoriser ou non à accéder à un service. Son créateur, dont on ne sait pas très bien s'il est sérieux ou s'il veut dénoncer un eugénisme moderne — même si l'on penche pour cette dernière option, propose différents scénarios d'utilisation qu'il dit être légitimes :

  • Créer un site où les femmes pourraient parler librement entre elles sans être importunées par des hommes, en obligeant à prouver par l'ADN que l'on est bien une femme ;
     
  • Créer un site de rencontres entre Juifs hassidiques où seuls seraient autorisés à s'inscrire les Juifs ashkénazes ou séfarades, confirmés comme tels par les ascendances maternelles, ou pour n'accepter que ceux qui ont le prétendu gène des Cohen. Notez qu'il existe déjà des sites de rencontres juives comme JDate, comme il existe des sites réservé aux Asiatiques ou aux Africains.
     
  • Créer un site de rencontres où ne peuvent se rencontrer que ceux dont les éventuels enfants présentent peu de risques d'avoir une maladie congénitale ;
     
  • Créer un site de vente de médicaments qui s'assure avant de délivrer le produit voulu qu'il n'y a pas de contre-indication génétique ;
     
  • Créer un site réservé à une communauté ethnique, comme les Black Panthers.

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