En fin d'année dernière, la Fédération Française des Télécoms (FFT) avait publié sa quatrième étude réalisée par le cabinet Arthur D. Little, sur l'économie du secteur des télécoms en France, dans laquelle elle proposait au gouvernement la mise en place d'un "crédit d'impôt numérique", inspiré du crédit d'impôt recherche. L'idée de l'organisation, qui regroupe plusieurs opérateurs télécoms (Orange, SFR/Numericable, Bouygues Telecom, Verizon, …), était de renflouer les poches de ceux qui deviendraient ses clients, avec l'argent du contribuable.
La proposition avait reçu notamment le soutien du député socialiste Jacques Cresta. "Il s'agit de la création d'un crédit d'impôt numérique ciblé pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) voire les entreprises de taille intermédiaire (ETI), à rattraper leur retard en matière d'adoption des services de cloud, des connexions à haut débit, de sécurité informatique, sur le modèle du crédit d'impôt recherche existant (CIR)", avait-il expliqué au gouvernement. "Le retard des entreprises françaises en la matière est accablant : seules 14 % d'entre elles auraient reçu en 2013 des commandes via Internet (contre 26 % en Allemagne), et 65 % disposent d'un site Internet (contre 89 % en Suède)".
Mais les services de Bercy d'Emmanuel Macron et d'Axelle Lemaire n'ont pas du tout jugé l'idée séduisante, et lui ont adressé un refus qui fait l'économie de toute diplomatie.
"Sauf à accélérer l'attrition de la matière imposable, il n'est pas souhaitable de multiplier les crédits d'impôt pour prendre en charge le coût de dépenses que les entreprises bien gérées, soucieuses de leur rentabilité et de leur développement, engagent spontanément, sans qu'il y ait besoin d'une dépense fiscale", a répondu le cabinet d'Axelle Lemaire. Il rappelle en outre que toutes les factures établies par les opérateurs télécoms sont autant de dépenses déduites du résultat imposable des entreprises.
Comme quoi le lobbying a heureusement ses limites.
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