Microsoft l'a dit et répété, Windows 10 est le premier système d'exploitation qu'il voit comme un "service" auquel accède l'utilisateur et non pas seulement comme un logiciel à installer localement, ce qui a comme conséquence son évolution permanente à travers de multiples mises à jour qui lui offrent, au long cours, la possibilité d'étendre ses revenus par l'ajout de nouvelles fonctionnalités rémunératrices, crées en interne ou ajoutées par partenariats. C'est pourquoi Windows 10 impose les mises à jour que les utilisateurs n'ont ni le droit ni la possibilité (pour les éditions grand public) de refuser.
Par défaut, Windows 10 se met à jour tout seul et prend l'initiative de redémarrer l'ordinateur la nuit pour ceux qui le laissent allumé, fermant au passage tous les documents et logiciels ouverts. Au mieux, en réglant les options, l'utilisateur peut demander à Windows de l'informer des mises à jour, pour décider lui-même du moment où l'ordinateur doit redémarrer. Mais le niveau de contrôle s'arrête là, sauf à télécharger un outil permettant de bloquer la réinstallation de mises à jour ayant posé problème.
Mais Microsoft a la main lourde sur les mises à jour, et ne se soucie guère de gérer sa bande passante puisque les fichiers sont distribués en Peer-to-Peer (P2P), ce qui déporte une grande partie du trafic vers les internautes qui s'envoient les données les uns aux autres sans même s'en apercevoir. Par défaut, une option est activée dans Windows 10 qui autorise l'ordinateur à "envoyer des parties des mises à jour Windows et des applications déjà téléchargées vers (…) des PC sur Internet" :
Si vous avez parfois l'impression que la connexion à internet de votre ordinateur est lente alors que vous n'avez aucun téléchargement visible en cours, vous saurez donc désormais de quoi ça vient. Lorsque Microsoft déploie une mise à jour de Windows 10, il utilise votre ordinateur comme passerelle pour renvoyer une copie de la mise à jour à d'autres ordinateurs, et ainsi de suite.
Mais la taille-même des mises à jour pose problème à des internautes, en particulier à ceux qui doivent encore subir des plafonds de consommations de données imposées par leur FAI. Supprimés en France depuis de nombreuses années, ces plafonds restent imposés dans de nombreux pays (par exemple au Canada, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande ou même en Belgique), qui surfacturent la consommation au delà d'un certain nombre de giga-octets téléchargés dans le mois, ou brident la connexion lorsque le "datacap" est atteint.
Or grâce au P2P qui lui fait économiser une grande partie du coût de distribution des mises à jour, Microsoft se lâche sur leur taille. L'éditeur a déjà déployé quatre mises à jour cumulatives qui réunissent l'ensemble des correctifs et autres drivers ajoutés depuis la sortie de Windows 10, et il a reconnu que le poids typique de telles mises à jour était de 3 Go. Le site StopTheCap qui milite contre les datacaps rapporte que des internautes explosent leur plafond de consommation autorisé, et se retrouvent parfois avec des factures exorbitantes, juste parce qu'ils ont installé Windows 10.
En guise de réponse, Microsoft a simplement conseillé aux utilisateurs concernés de modifier les réglages du Wi-Fi en activant l'option "connexion limitée", prévue pour "mieux maîtriser votre consommation avec un forfait de données limitées". Elle permet d'être prévenu lors des mises à jour et ainsi pouvoir reporter le téléchargement au mois d'après, lorsqu'ils ont récupéré leur crédit de bande passante (mais curieusement, uniquement en Wi-Fi et pas en Ethernet). Merci qui ?
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