En début de semaine, Numerama rapportait que le gouvernement français avait convoqué Apple, Microsoft, Facebook, Twitter et Google, pour faire le point avec eux sur les actions positives entreprises par eux ou par leurs utilisateurs dans le cadre des attentats du 13 novembre dernier, et leur demander d’aller plus loin encore dans l’effort de guerre.
Selon un communiqué du gouvernement, le Premier ministre a d’abord « adressé ses remerciements aux équipes qui, lors des attaques terroristes du 13 novembre, ont mis en œuvre des outils pour permettre à des millions de Parisiens, Franciliens et touristes d’être alertés, de recevoir des consignes de prudence, de rassurer leurs proches » — il s’agissait en particulier du Safety Check de Facebook.
Mettre en œuvre une stratégie offensive de contre-discours
Il a également « noté avec intérêt la mobilisation citoyenne massive et spontanée » avec des initiatives comme l’opération #PorteOuverte ou #RechercheParis, qui visaient réciproquement à proposer un abri à ceux en quête de lieu où se protéger la nuit du 13 novembre, et à relayer des appels à témoin pour ceux qui demandaient des nouvelles de leurs proches.
Mais comme nous l’avions indiqué, la réunion avec les directeurs juridiques et de relations institutionnelles des géants du Web n’avait pas pour but premier d’envoyer des fleurs. Le gouvernement souhaite que Google, Apple, Twitter, Google et Facebook fassent davantage pour aider le gouvernement dans ce qu’il est politiquement incorrect d’appeler une propagande de guerre, mais qui n’en est pas moins une.
« Le concours des développeurs dans la lutte contre la propagande terroriste »
L’État, qui a fait supprimer de la loi de 1955 sur l’état d’urgence le contrôle de la presse, n’aime pas pour autant la neutralité des plateformes utilisées par les individus pour s’exprimer ou recevoir des informations. Il a ainsi décidé avec les acteurs concernés de « définir et mettre en œuvre une stratégie offensive de contre-discours qui cible spécifiquement les activités de Daech en ligne ».
Aucune précision n’a été apportée sur les formes que pourrait prendre cette offensive. Il pourrait s’agir par exemple (ce sont des spéculations de notre part) de :
- Mettre en place des messages de prévention ou d’alerte sur les réseaux sociaux.
- Ne plus proposer de suivre ou d’être ami avec des personnes soupçonnées de soutenir l’État islamique ;
- Supprimer encore plus vite les comptes de djihadistes présumés, au risque de faire dans la précipitation les mêmes erreurs de jugement qu’Anonymous ;
- Ne pas suggérer de vidéos en ligne qui alimentent des discours ou points de vue dits « complotistes » pouvant conduire à rejoindre l’adversaire ;
- Mettre en avant les pages Web et comptes de réseaux sociaux officiels édités par l’État (ou les discours réalisés par une sorte d’armée de l’ombre) ;
- Déréférencer des sites sans attendre d’ordre de la police ;
Le gouvernement souhaite aussi que soit « apport[é] le concours des développeurs et experts des entreprises du numérique pour élaborer des outils qui faciliteront l’implication de la société civile dans la lutte contre la propagande terroriste »
Enfin, il a par ailleurs été demandé aux géants du Web de « pérenniser et compléter les dispositifs d’urgence mis en place le 13 novembre, afin de pouvoir toucher une part encore plus significative de la population en cas de nouvel attentat ».
Une prochaine réunion sera organisée en janvier 2016.
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