Invité jeudi soir de l’émission Des Paroles et des Actes sur France 2, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy est venu avec quelques punchlines à lancer à l’antenne, dont l’une concernait Internet. Comme il le fait régulièrement depuis plusieurs mois, le patron des Républicains a matraqué sa proposition de condamner pénalement la lecture de la propagande ennemie.
« Internet, c’est un progrès formidable, mais il faut que là aussi, on mette les points sur les i. On ne peut pas accepter qu’on puisse librement consulter des sites de propagande djihadistes sur internet », a-t-il expliqué, avant de reprendre une comparaison hasardeuse déjà testée avec succès lors d’un meeting de campagne en fin d’année dernière.
Vous consultez un site djihadiste, vous êtes un apprenti djihadiste
« Qu’est-ce qu’on fait pour les pédophiles ? Consulter un site pédophile, c’est de la pédophilie. Je suis désolé, ça ne se fait pas de regarder des enfants nus, ou de demander à des enfants de faire des pratiques qui sont des pratiques d’adultes. Vous consultez un site pédophile, vous êtes un pédophile. Vous consultez de façon régulière — régulière naturellement — un site djihadiste, vous êtes un apprenti djihadiste. C’est pénal, la police doit être saisie, et [il faut] pouvoir orienter ces jeunes tentés par la radicalisation vers des centres de déradicalisation ».
« On ne peut pas continuer avec Internet, où il serait permis de faire tout », a-t-il prévenu, faisant fi de la somme impressionnante de lois adoptées depuis plus de 15 ans, qui régulent déjà massivement ce qui peut ou non se faire sur Internet, voire qui font parfois de l’utilisation d’Internet une circonstance aggravante.
David Pujadas a bien tenté de rappeler à Nicolas Sarkozy que la loi antiterroriste de novembre 2014 prévoit déjà la pénalisation de la visite de sites internet djihadistes, lorsqu’elle est en lien avec un projet terroriste, mais l’ancien chef de l’État n’a rien voulu savoir.
La loi telle qu’il la désire, qui ferait de la lecture seule une infraction pénale en elle-même, a été adoptée cette semaine par le Sénat. Elle est toutefois loin d’être confirmée par l’Assemblée nationale, et par le Conseil constitutionnel qui pourrait avoir un petit mot à y redire. Il y a en effet une différence de nature essentielle entre des images pédophiles dont la consultation est illégale en toutes circonstances, et des sites de propagande ennemie dont l’illégalité dépend beaucoup du contexte.
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