La réplique paraît d’abord anecdotique et amusante. Comme le souligne BFM Business, elle pourrait rester dans les mémoires comme le fameux « mulot » de Jacques Chirac, qui n’était pas sûr de ce qu’était une souris d’ordinateur, lors de l’inauguration d’une école d’ingénieurs en 1996.
Lors d’une rencontre avec des entrepreneurs à Lyon, Nicolas Sarkozy était informé par un chef d’entreprise du fait qu’il recrutait beaucoup en passant par Le Bon Coin. Mais le président des Républicains n’avait visiblement pas connaissance du nom du premier site de petites annonces de France, utilisé par plus de 2,5 millions d’internautes tous les mois. « C’est quoi Le Bon Coin ? », a-t-il demandé à son interlocuteur, selon les propos rapportés par Dominique Tenza, journaliste au service politique de RTL.
Anecdote amusante, ou révélateur plus profond ?
Mais anecdotique en apparence, la méconnaissance du Bon Coin montre toutefois le décalage énorme qui existe toujours entre l’élite dirigeante des partis politiques français, et le monde numérique qui irrigue toute l’économie du pays. Ignorer l’existence du Bon Coin lorsque l’on prétend diriger la France en 2017 n’est pas amusant, c’est affligeant.
Le Bon Coin vient de fêter ses 10 ans de présence sur le Web, et figure au 7e rang des sites les plus visités en France. Il est devant des mastodontes américains comme Yahoo, Amazon ou Wikipedia, que Nicolas Sarkozy ne peut pas ignorer :
Ne pas connaître Le Bon Coin aujourd’hui, c’est ne pas connaître un site sur lequel 800 000 nouvelles annonces sont publiées chaque jour, et sur lequel se développe toute une économie, à la fois de revente et d’échanges entre particuliers, mais aussi de ventes de produits ou de services par des professionnels… ou d’annonces d’emploi. C’est aussi ne pas connaître un site qui est potentiellement menacé par des exigences folles du Sénat (à majorité Républicains) auxquelles il ne peut pas obéir, et donc ne pas connaître les raisons pour lesquelles la régulation des plateformes Web n’est pas une chose à prendre à la légère.
Le Bon Coin est presque aussi présent dans la vie quotidienne des Français que Facebook, et l’on n’imagine pas Nicolas Sarkozy ne pas connaître d’autres grandes entreprises incontournables de ses concitoyens, comme Auchan, Renault, ou Nestlé. Certes, Le Bon Coin n’emploie « que » 370 personnes, à Paris, Montceau-les-Mines et Reims, mais l’importance d’une entreprise n’est pas mesurable qu’au nombre de ses employés. Encore moins sur le Web qu’ailleurs.
Le problème, c’est que Nicolas Sarkozy est en apparence très au fait du numérique, avec une présence active sur les réseaux sociaux. Mais ce sont en réalité ses conseillers qui se loggent sur Facebook, qui postent pour lui sur Twitter, ou qui lui disent qu’il serait bon pour sa campagne de s’inscrire sur LinkedIn. Lui-même n’est pas en prise avec la réalité de la vie numérique, qui fait partie prenante de la vie tout court des Français.
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