Le bac approche à grands pas. Jusqu’au jour des épreuves, les sujets et leurs corrigés sont jalousement gardés pour éviter toute fuite et tentative de triche. Mais même en prenant des précautions extrêmes, des incidents surviennent parfois : on se souvient par exemple qu’une question du bac S avait fuité sur Jeuxvideo.com en 2011, tout comme certains intitulés l’année suivante. Deux ans plus tard, ce sont des sujets du bac philo ES et L qui ont circulé sur Twitter.
Face à ces brèches dans le dispositif, faudrait-il couper Internet quelques heures avant histoire de parer à toute éventualité ? En France, une telle mesure est inenvisageable. Mais à l’étranger, c’est une mesure qui est appliquée. En Irak, le gouvernement a en effet choisi d’appliquer cette solution radicale en coupant carrément, et de façon régulière, l’accès à Internet dans le pays.
C’est ce que révèle en tout cas une étude menée par Dyn Research, une société américaine qui traque les coupures d’Internet à travers le monde. D’après ses conclusions, l’accès au web en Irak était quasiment nul entre cinq et huit heures du matin les samedi, dimanche et lundi derniers (14, 15 et 16 mai).
https://twitter.com/DynResearch/status/732187928684859392
Or, ces horaires coïncident avec ceux des examens d’entrée au collège que doivent passer les élèves. Des coupures similaires avaient été observées l’année dernière et semblaient également avoir pour objectif d’empêcher la fuite des sujets sur le web. « L’été dernier, cette explication avait été accueillie avec beaucoup de scepticisme, mais les coupures coïncident avec les examens et aucun élément ne vient contredire cette hypothèse » relève Doug Madory, responsable de l’analyse d’Internet chez Dyn.
Il semblerait que le ministère des communications soit à l’origine de ces interruptions mais celui-ci n’a fait aucune déclaration publique.
Un e-mail envoyé par un fournisseur d’accès irakien à ses clients vient confirmer de son côté ces observations. Ce dernier, partagé par Smex, un organisme de protection des droits de l’Homme, avertit ses clients d’une coupure de connexion pour le dimanche 15 mai. Cet avertissement en amont exclut de fait la piste d’une panne et d’éventuelles répliques, puisque la coupure était anticipée.
Un témoignage anonyme recueilli par Vocativ affirme que le gouvernement veut contrer un marché noir des réponses aux examens. « Il est fréquent que certains professeurs donnent des réponses aux élèves en échange d’une somme d’argent ; ensuite ces derniers les vendent à leur tour sur Internet à d’autres élèves dans tout le pays ». Et ce serait entre cinq heures et huit heures du matin que les enseignants soudoyés donneraient les réponses aux étudiants via Facebook, Viber ou WhatsApp.
Ce n’est pas la première fois que l’Irak censure Internet. Les raisons de ces restrictions d’accès sont variées et dépendent de divers facteurs. Il y a deux ans, le ministère des communications avait déjà empêché l’accès dans cinq provinces du pays où les combats entre l’armée et les membres de l’État islamique étaient les plus violents, afin de limiter la capacité de communication de l’adversaire.
Les coupures d’Internet ont aussi des visées tactiques contre Daech
Cette pratique n’est d’ailleurs pas exclusive à l’Irak. L’Ouzbékistan a lui aussi déjà coupé toutes les connexions Internet et les SMS sur l’ensemble de son territoire en 2014, le jour des examens d’entrée à l’université. En février, c’était au tour de l’Inde de couper pendant six heures son accès à Internet. Quant à la Corée du Sud, on ne bloque pas Internet, mais carrément tout le pays pendant une heure.
Si les intentions de contrer les tricheurs peuvent paraître nobles, la méthode appliquée est loin d’être irréprochable. Alors que l’Irak est en proie à une guerre civile qui dure depuis plus de dix ans et à d’innommables violences, le rôle d’Internet dans la communication au sein de la population revêt une importance majeure. Dès lors, il paraît excessif de couper l’accès à Internet pour s’assurer de l’honnêteté des étudiants.
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