C’est un épisode qui a profondément marqué l’histoire de France Télécom. À la fin des années 2000, le géant des télécoms fait face à une vague de suicides sans précédent dans ses rangs. Entre 2008 et 2011, on recense des dizaines d’employés qui mettent fin à leurs jours, parfois dans des circonstances très spectaculaires. L’un d’eux ira jusqu’à s’immoler par le feu sur le parking d’un site de l’entreprise près de Bordeaux.
Le plan NExT est alors pointé du doigt, car celui-ci vise à organiser le redressement de la société par une réduction drastique des coûts, qui se traduit notamment par des suppressions de poste dans un délai réduit et des changements de mission pour de nombreux autres salariés. Il est notamment question de pousser 22 000 salariés vers la sortie, sans avoir à les licencier.
C’est dans ce climat social extrêmement critique que s’inscrit la décision du parquet de Paris de réclamer le renvoi en correctionnelle de France Télécom — en tant que personne morale — et de trois ex-dirigeants pour harcèlement moral. Sont concernés Didier Lombard, l’ancien PDG, Pierre-Louis Wenès, le numéro 2 du groupe, et Olivier Barberot, l’ex-directeur des ressources humaines, rapporte France Inter.
Quatre autres cadres, dont le nom n’est pas mentionné, sont aussi renvoyés devant la justice pour complicité. Pour les faits qui sont reprochés, à savoir le harcèlement moral, les peines maximales sont d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Ces plafonds étaient ceux en vigueur au moment des faits. Aujourd’hui, les sanctions ont été doublées : deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
À l’heure actuelle, les parties civiles regroupent une quarantaine de victimes. Mais selon le ministère public, vu l’ampleur de la restructuration et l’impact qu’elle a eue sur le équipes de l’opérateur, il « existe nécessairement de très nombreuses victimes non identifiées, susceptibles de demander l’indemnisation de leur préjudice ». Ce sont désormais aux juges d’instruction de décider ou non du renvoi des mis en examen devant un tribunal.
Si procès il y a, celui-ci pourrait avoir lieu en 2017 ou 2018.
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