La Russie garde le cap. La « désaméricanisation » des systèmes informatiques utilisés par l’administration et les organisations étatiques reste toujours d’actualité, au nom du patriotisme économique mais aussi parce qu’une ambiance de guerre froide s’est installée avec les États-Unis depuis deux ans. À la place des logiciels de l’Oncle Sam, Moscou tient à privilégier des solutions locales — c’est-à-dire russes.
Le plan russe est ambitieux. Il ne s’agit pas simplement de remplacer les outils venus d’Amérique qui peuplent les ordinateurs. Il s’agit de faire place nette partout, même au niveau du système d’exploitation pour ne plus dépendre de Windows, de l’OS mobile pour échapper à Android, du moteur de recherche pour se passer de Google et même des processeurs pour éviter Intel et AMD.
Le grand ménage voulu par les autorités moscovites, dont les racines remontent à 2010 avec la décision de Vladimir Poutine de basculer les infrastructures étatiques de Windows à Linux, avance toutefois à un rythme différent selon les secteurs en cause.
S’appuyant sur des médias locaux, Bloomberg indique par exemple que le système qui gère les caméras de surveillance à Moscou est désormais russe (au détriment de Cisco). Pour la gestion de base de données de l’agence de presse étatique Rossiya Segodnya et de la région de Moscou, il a fallu procéder autrement. Faute de solution locale, c’est le logiciel libre qui a été retenu avec PostgreSQL à la place d’Oracle.
Côté messagerie, la capitale entend aussi passer un grand coup de balai. Il est prévu de virer Microsoft Exchange Server et Outlook des 6 000 postes informatiques de la ville par un programme mis au point par Rostelecom, une entreprise de télécoms. Cette première étape ouvrira la voie à une migration plus large. Il est question de faire basculer jusqu’à 600 000 ordinateurs et serveurs.
Patriotisme économique et échapper au big brother américain
Parmi les justifications qui sont données par les autorités pour justifier l’abandon des outils américains figure l’argument de l’achat de produits à des entreprises étrangères alors qu’il existe des solutions équivalentes développées par des sociétés russes. Chaque année, les autorités déboursent environ 300 millions de dollars en acquisition de produits étrangers. Une somme qui pourrait être de leur point de vue mieux utilisée.
Mais il y a aussi sans doute des suspicions à l’égard de la fiabilité des produits conçus par les Américains. Même si le plan de migration vers des solutions russes remonte au début des années 2010, soit trois ans avant les révélations d’Edward Snowden, des controverses existaient déjà à l’époque (comme _NSAKEY). Les documents mis au jour par le lanceur d’alerte ont simplement confirmé ces doutes.
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