Le gouvernement néerlandais évitera de recourir à l’électronique pour gérer les élections législatives, prévues mi-mars, par crainte du piratage. Le ministre de l’Intérieur évoque un risque venant de la Russie.

La France n’est pas le seul État en Europe à avoir une importante échéance électorale en 2017. Les Allemands et les Néerlandais seront eux aussi appelés à se rendre dans les bureaux de vote, les premiers dans le cadre des élections fédérales qui auront lieu le 24 septembre et les seconds pour choisir leurs députés le 15 mars.

Or, les gouvernements européens sont prévenus : les scrutins peuvent faire l’objet de manipulations. Cet automne, Amsterdam, Berlin et Paris ont été témoins comme tout le monde du mélodrame politico-diplomatique entre Washington et Moscou au sujet d’une possible manipulation de la campagne électorale. Quoiqu’il en soit, des leçons ont été tirées de ce côté-ci de l’Atlantique.

Vote

CC steve

En France, l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information a ainsi réuni en octobre les principales formations politiques pour les sensibiliser au sujet des risques de piratage et de déstabilisation. À cette séance de travail s’est ajoutée la mise en garde du ministre de la défense, qui a appelé en début d’année à se préparer à des actions similaires à celles qui ont lieu outre-Atlantique.

Mais la décision la plus radicale est à mettre au crédit des Pays-Bas.

En effet, Reuters fait savoir que le gouvernement néerlandais a pris la décision de ne recourir en aucun cas aux outils électroniques pour éviter tout risque du piratage. Le vote se fera non seulement à l’ancienne, avec des bulletins en papier, des isoloirs, des urnes transparentes et des assesseurs qui assureront le bon déroulement du suffrage, mais en plus les opérations de dépouillement se feront à la main sans se servir du moindre logiciel.

Compter les bulletins à la main pour éviter tout risque de manipulation des résultats

Une décision qu’applaudirait sans aucun doute John Sawers, l’ex-patron des services secrets britanniques (MI6), celui-ci déclarant en tout début d’année qu’en matière électorale, mieux vaut s’en tenir aux méthodes traditionnelles plutôt qu’opter pour les machines à voter ou le vote par Internet, qui sont des options nettement moins sûres — même si elles répondent à des exigences constitutionnelles, comme l’accessibilité pour les citoyens vivant à l’étranger.

Selon Reuters, « les Danois votent avec des bulletins en papier, qui sont comptés ensuite à la main dans les bureaux de vote. Cependant, la compilation régionale et nationale des votes est effectuée par voie électronique ». Or, continue l’agence de presse, « les médias néerlandais ont signalé que le logiciel utilisé pour cette tâche pourrait ne pas être sûr ». C’est à ce niveau-là qu’une manipulation pourrait avoir lieu.

« Des rapports arrivés ces derniers jours au sujet de vulnérabilités dans nos systèmes posent la question de savoir si les résultats pourraient être manipulés. Aucune ombre de doute ne peut être acceptée », a déclaré Ronald Plasterk, le ministre de l’Intérieur, dans une déclaration. À RTL, il a spécifiquement mentionné la Russie comme une possible source de déstabilisation.

Ombre de la Russie

Aux Pays-Bas comme en Europe, la montée de l’extrême-droite est un phénomène ancien et qui, selon divers observateurs, fait le jeu de la Russie, Moscou préférant traiter avec une Union européenne affaiblie et divisée plutôt que forte et rassemblée. Dans le cas néerlandais, tous les regards sont sur Geert Wilders, le leader du Parti pour la liberté, l’une des principales forces politiques du pays.

Fin janvier, les services de l’Union européenne indiquaient que la Russie était en train de prendre pour cible les élections sur le Vieux Continent, via des actions de désinformation sur les politiques menées par les gouvernements pour faire monter le populisme et conduire les citoyens à privilégier les partis eurosceptiques. Une façon pour la Russie de peser sur le scrutin sans avoir besoin de pirater quoi que ce soit.

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