La CIA ne fera aucun commentaire sur la nature des documents que WikiLeaks est en train de diffuser. Telle est la teneur du communiqué qui a été mis en ligne le mercredi 8 mars sur le site de l’agence centrale de renseignement, le lendemain des premières publications qui décrivent, de l’avis de nombreux experts en sécurité informatique et d’observateurs du milieu du renseignement, les techniques de piratage employées par la CIA pour espionner une cible ou dérober des informations.
Le mutisme de Langley n’est guère surprenant : aucune agence digne de ce nom ne va confirmer ou informer le contenu d’une fuite qui proviendrait prétendument de ses services.
Du temps des révélations d’Edward Snowden, la Maison-Blanche et la NSA ont passé une bonne partie de leur temps à refuser de confirmer ou d’infirmer le contenu des fichiers subtilisés par le lanceur d’alerte américain, qui ont ensuite été relayés par la presse à partir de 2013, préférant plutôt rappeler l’objectif des missions assignées aux agences de renseignement, à savoir protéger la population. La CIA ne dévie pas vraiment de cette ligne.
Son communiqué insiste en effet sur ce rôle de protection de l’Amérique et de ses citoyens, en jurant la main sur le cœur que ses agents ne conduisent pas d’opérations illégales sur le sol américain ou de missions ciblant des Américains à l’étranger. La CIA ajoute que ses activités sont strictement encadrées par la loi et doivent respecter la Constitution des États-Unis. Des affirmations qui, malheureusement pour la CIA, ne collent pas toujours avec sa tumultueuse histoire.
La CIA assume la collecte tout renseignement étranger de façon agressive
La CIA assume toutefois que sa mission inclut « la collecte de tout renseignement étranger de façon agressive en vue de protéger l’Amérique des terroristes, des États hostiles et de tout autre adversaire. C’est le job de la CIA d’être innovante, à la pointe et la première ligne de défense pour protéger ce pays des ennemis à l’étranger ». Quitte à développer des logiciels malveillants et à exploiter des vulnérabilités pour pouvoir les diffuser en fonction de ses besoins ?
Si l’agence n’a pas souhaité commenter les publications de WikiLeaks, son communiqué peut tout de même laisser penser que les documents proviennent bien de ses archives — ce qu’ont déjà confirmé auprès de CNN des responsables du FBI et de la CIA sous couvert d’anonymat, qui enquêtent non seulement sur l’ampleur de la fuite mais aussi sur son point d’origine et la manière d’empêcher une réitération à l’avenir.
Enquêtes à venir
En effet, la CIA juge que « les Américains devraient être profondément préoccupés par toute révélation de WikiLeaks faite pour amoindrir la capacité du renseignement américain à protéger l’Amérique […]. De telles révélations n’affectent pas seulement les opérations et le personnel américain ; elles permettent aussi de donner à nos adversaires des outils et des informations pour nous nuire ».
Et si la CIA refuse de discuter publiquement de Vault 7, peut-être se montrera-t-elle plus loquace devant les commissions permanentes du Sénat et de la Chambre des Représentants chargées des questions de renseignement. Selon Reuters, celles-ci sont en effet en train d’ouvrir des enquêtes sur ces divulgations.
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