L’« affaire russe » de Donald Trump est un feuilleton à répétitions mais au rythme inégal. Parfois, l’affaire prend des proportions dramatiques comme lorsque que les américains ont pu voir Comey se dresser, l’air grave, prêt à exploser en vol l’administration Trump au milieu du sénat, puis parfois, des mois de disette se succèdent, affamant les quotidiens de la capital américaine.
Juin est à ce titre plutôt chargé : à l’issu de l’épisode Comey, qui fut poursuivi par l’audition de Sessions, Attorney General, l’ « affaire » démarre en trombes, accélère et fonce dans la Maison Blanche, tête la première. Il faut voir que la création, par défaut, du tandem Mueller/Comey réuni sous le joug de l’enquête fédérale, était déjà une promesse de rebondissements peu favorables à Donald Trump.
« Under investigation »
Ce mercredi soir, c’est un de ces rebondissements qui a secoué la Maison Blanche. Le Washington Post s’est procuré une information indiscrète : le président américain est bien visé par l’enquête fédérale pour obstruction à la justice. Jusque-là D. Trump n’avait été qu’indirectement touché par l’affaire qui l’avait privé de M. Flynn sans jamais le mettre au centre du cyclone. C’est désormais chose faite. M. Comey avait assuré devant le Sénat que le président n’était pas ciblé par les investigations fédérales, M. Mueller semble avoir changé cette donne.
M. Trump est suspecté d’obstruction à la justice précisément dans le cadre de ses échanges avec James Comey. Selon la fuite reportée par le quotidien américain, les fédéraux tentent d’éclaircir les « encouragements à laisser tomber l’affaire Flynn » que le locataire de la Maison Blanche aurait dispensé au patron de la police fédérale.
« Seigneur, j’espère qu’il a des enregistrements ! »
Pour rappel, lors de son audition, l’ex chef du FBI avait répété que le POTUS lui aurait dit : « J’espère que vous trouverez un moyen de laisser tomber, pour laisser Flynn. C’est un gars bien. J’espère que vous pourrez laisser tomber. » L’ancienne star de télé-réalité a précisé de son côté que les propos rapportés par le mémo de Comey étaient incorrects, il a également détaillé avoir des enregistrements de leurs échanges. L’ancien boss du bureau répliquera plus tard, devant les représentants : « Seigneur, j’espère qu’il a des enregistrements ! ».
Par ailleurs, en plus de l’intimidation perçue et exprimée par Comey. Le licenciement de ce dernier pose également question. Dans un premier temps, l’administration Trump expliquait qu’il s’agissait d’une réponse à une mauvaise gestion de l’affaire des mails de Hillary Clinton. Plus tard, sur NBC, le président a contredit ses collaborateurs en éludant : le limogeage de Comey est en parti dû à « ce truc russe » pour lui.
Le « truc » russe
Ajoutons également qu’en plus d’éventuelles pressions sur Comey, Trump serait aussi intervenu auprès de Dan Coats, directeur des services secrets, pour lui demander de persuader Comey d’abandonner l’affaire Flynn. Enfin, le président aurait également poussé Coats et Mike Rogers (NSA) à clarifier par communiqué que sa campagne ne souffrait pas de collusions avec la Russie. Les deux fonctionnaires ont refusé.
Tous les protagonistes cités jusque-là sont en train, ou vont, être entendus par Mueller, en charge de clore le dossier de l’obstruction. La suite de l’enquête dépendra donc hautement des preuves avancées par les fonctionnaires.
Cris Ruddy, proche de Trump, a déclaré en début de semaine que Mueller serait écarté de l’enquête par le POTUS, qui en a le pouvoir. Cette affirmation a été rapidement contredite par la Maison Blanche qui a précisé n’avoir aucune intention de retirer l’ancien espion du dossier.
L’administration imaginait-elle être ainsi prise de vitesse par les fonctionnaires qui ont fait fuiter les détails des soupçons planants sur Trump ? Pour le moment, l’avocat du président répète à toute la presse, en boucle : « La fuite du FBI concernant le président est outrageuse, inexcusable et illégale. »
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