L’année 2016 a beau être prolifique pour le manga en France, le scantrad reste un problème de poids pour les éditeurs. De quoi s’agit-il ? Le scantrad est une pratique qui consiste à numériser une bande dessinée, la traduire et la diffuser gratuitement et illégalement sur Internet, sans s’acquitter des droits d’auteur. Depuis quelques années, les maisons d’éditions ont adapté leurs stratégies afin de contrer ce piratage en réduisant par exemple les délais entre les sorties japonaises et françaises (même s’il faut encore attendre plusieurs mois).
Diffusion instantanée
Avec Platinum End, dont le premier volume relié atterri dans les librairies le 25 mai, l’éditeur Kazé Manga se dote d’une arme supplémentaire contre le piratage. En effet, ce titre a bénéficié d’une publication légale par chapitre en traduction simultanée sur Internet.
D’autres éditeurs français ont adopté la même stratégie, mais il s’agit d’une première pour un lancement de série. Le principe est simple. Jump SQ, le magazine japonais dans lequel Platinum End est pré-publié, envoie les planches à Kazé dès que celles-ci sont prêtes pour l’impression. Chaque chapitre (60 à 70 pages) est ainsi rapidement traduit et diffusé en France pour moins d’un euro en même temps qu’au Japon — à quelques petites heures près.
« C’est une course », explique Pierre Valls, directeur éditorial chez Kazé rencontré à la soirée de lancement de Platinum End. « Dès qu’on reçoit le chapitre, il faut le faire traduire dans l’après-midi, dans un délai de douze heures environ. Il faut en parallèle envoyer tout le matériel à un studio pour retravailler sur la version japonaise. Quand la traduction est terminée, il faut la relire et la corriger. Ensuite il faut convertir les planches au bon format pour pouvoir les publier numériquement ».
Il avoue d’ailleurs qu’il n’était pas totalement confiant quant aux chances de réussite de ce projet mais tout a bien fonctionné selon lui.
Lutter contre les scantrads
« Les éditeurs se plaignent souvent du piratage » affirme Pierre Valls. Les scantrads illégaux sont en effet très réactifs et ainsi préférés par de nombreux lecteurs. Cela n’a rien d’étonnant pour le directeur éditorial car « peu d’alternatives étaient proposées. En publiant chaque chapitre en même temps que sa sortie japonaise, on répond à un besoin ».
Répondre à un besoin pour lutter contre le piratage
D’ailleurs, il raconte que « toutes les plateformes de scantrads qui diffusaient cette série » ont décidé d’arrêter dès que l’éditeur officiel a proposé les mêmes services pour un prix peu élevé. Optimiste, il confirme la volonté de Kazé Manga de développer ce mode de diffusion. Mais ce genre d’opération a très peu de chances d’être appliquée à un titre peu connu. Or Kazé plaçait beaucoup d’espoir sur le succès de Platinum End, très attendu par les fans. Par conséquent, cette publication par chapitre présentait peu de risques commerciales pour ce manga.
Sans donner de chiffres, la maison d’éditions affirme qu’à chaque nouveau chapitre, Platinum End enregistre les meilleures ventes BD sur toutes les plateformes légales sur lesquelles il est disponible.
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