À l’occasion de la Paris Games Week, la BnF présentera son travail de collecte et d’archivage des jeux vidéo. Rencontre.

Au début du mois de septembre, la Bibliothèque Nationale de France organisait pour quelques jours une exposition dédiée aux jeux vidéo. La BnF souhaitait, à travers des sessions de jeux et des tables rondes, mettre en avant son travail de conservation et d’archivage de ces biens culturels.

À l’occasion de cette initiative et comme l’établissement sera présent à la Paris Games Week, nous avons posé quelques questions à Pascale Issartel, directrice du département de l’Audiovisuel à la BnF.

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Depuis plusieurs années, les bibliothèques sont de plus en plus nombreuses à accorder une place importante aux jeux vidéo. En tant que bibliothèque, quels sont vos projets autour de ce média ?

Notre bibliothèque est la  seule en France à avoir une mission de collecte, de conservation et de communication  du patrimoine vidéoludique. C’est là que nous concentrons nos efforts, et c’est selon cet axe que nous pensons nos actions : montrer notre savoir-faire en matière de stockage physique et numérique, mais aussi faire du jeu vidéo un patrimoine comme les autres au sein de tout le patrimoine édité que conserve la BnF. Nous proposons dans la bibliothèque du Haut-de-jardin une sélection de jeux contemporains sur PC, consoles et tablettes qui fait écho aux collections de la bibliothèque de recherche, le Rez de jardin.

Cette année, nous nous associons à la campagne de Blizzard Entertainment et de l’agence Arttitude pour le lancement de l’extension Legion de World of Warcraft. En écho à leur Illidan géant sur notre tour, nous proposons de redécouvrir les ancêtres de l’héroic fantasy occidentale, en se frottant à Warcraft ou Ultima. Nous espérons que cet évènement au retentissement mondial scelle l’alliance entre le jeu vidéo et la BnF.

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Nous serons également présents à la  Paris Games Week pour expliquer notre travail à la fois au grand public et aux créateurs de jeux qui souvent ignorent le dispositif du dépôt légal. Nous souhaitons nous positionner comme des partenaires pour la conservation de leur production et comme la France est particulièrement dynamique dans ce secteur nous sommes au cœur de notre mission de sauvegarde du patrimoine national même si nous collectons aussi les jeux étrangers distribués en France.

En  ce qui concerne des événements plus exceptionnels, nous avons déjà  envisagé d’organiser un tournoi dans un des auditoriums, reste à trouver le thème et l’occasion. Nous préparons également pour 2019 une grande exposition sur l’heroic fantasy nous permettra de faire le lien entre Tolkien et les jeux vidéo.

Avez-vous fait face à des réticences quant à la mise en avant du jeu vidéo dans votre bibliothèque ?

La Bibliothèque nationale de France a pour ambition de collecter par dépôt légal tout ce qui est édité en France, ce pari de l’exhaustivité s’accompagne d’une nécessaire neutralité : nous conservons les jeux vidéo avec le même niveau d’exigence que pour les manuscrits. Le jeu vidéo est devenu la deuxième pratique culturelle des français et touche toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âge. La BnF ne pouvait pas ignorer ce phénomène.

Nous préparons également pour 2019 une grande exposition sur l’heroic fantasy nous permettra de faire le lien entre Tolkien et les jeux vidéo.

La direction de l’établissement a pleinement porté le partenariat avec Blizzard et ARTtitude car nous sommes convaincus que cette opération était de nature à améliorer la consultation de nos collections et à faire mieux connaitre le dépôt légal auprès des éditeurs. Nous sommes conscients que ce qui est aussi en jeu c’est la légitimation de cette pratique populaire et il n’y a pas que des gamers parmi les 2400 agents de la BnF mais nous partageons tous cette volonté de conserver et de communiquer le patrimoine qui évolue et s’enrichit.

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Avez-vous des documentalistes experts en jeux vidéo ou plus largement en culture numérique ?

La  Bibliothèque nationale de France recèle une forte concentration de spécialistes du numérique, d’abord parce que ses missions de description de la production éditoriale française l’ont très tôt amenée à développer de l’expertise dans le traitement de l’information numérique  (voir data.bnf.fr par exemple), mais aussi, bien sûr, parce que c’est la bibliothèque du patrimoine et qu’il est devenu numérique depuis deux décennies.

Au sein du département de l’Audiovisuel et plus particulièrement au sein du service multimédia, des personnels ont développé une véritable expertise sur ces collections. D’autres collègues sont chargés de décrire les jeux pour alimenter le catalogue de la BnF. Certains appelés « prospecteurs » ont pour mission de faire entrer les jeux vidéos dans les collections en démarchant les éditeurs et entreprises du secteur.

Et enfin dernière question fondamentale : quels Pokémon trouve-t-on dans votre établissement ?

Au choix : encore des Rattatas et ces fichus Roucools — nos collections sont beaucoup plus légendaires. Il y a une demi douzaine de Pokéstops mais pas grand chose de rare.  Profitez plutôt de votre passage à la bibliothèque pour faire une Pikapause ; vous pourrez vous récompenser à l’heure de l’apéro en pêchant la Magicarpe sur les péniches du bord de Seine !

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