L’art, la culture et la liberté sont des sujets qui vous parlent ? Si vous êtes sur Paris ce week-end, sachez qu’une exposition un peu particulière va avoir lieu à la galerie « Da Vinci Art » du vendredi 17 au dimanche 19 mars : en effet, la présentation de toutes les œuvres qui y seront est théoriquement interdite, explique Lionel Maurel, du collectif SavoirsCom1, notamment favorable au domaine public et à a libre diffusion du savoir.
La démarche de l’exposition « Pour la connaissance libre » est expliquée sur son blog : « l’inspiration pour cette exposition pirate provient d’un autre projet, intitulé Display At Your Own Risk qui a été lancé le 26 avril 2016. Il s’agit d’un « kit Open Source » pour la réalisation d’une exposition d’une centaine de reproductions d’œuvres, téléchargées depuis les sites de grands musées partout dans le monde ».
« La majeure partie de ces images font l’objet de restrictions plus ou moins larges à la réutilisation, qui rendent cette exposition illégale (ou du moins risquée…). Le concept a vu une mise en application le 8 juin 2016, avec une exposition organisée dans un phare à Glasgow », raconte Lionel Maurel. C’est ce concept qui arrive en France, avec des aménagements de façon à « faire correspondre le propos au contexte français ».
Absence de reconnaissance du domaine public et de liberté de panorama digne de ce nom, copyfraud auquel se livrent les musées, droit à l’image limitant l’usage des clichés des domaines nationaux, restriction de l’usage commercial des expositions de photos montrant des bâtiments publics… Ces barrières font « naître des situations kafkaïennes, que cette exposition a pour but de mettre en lumière ».
« Toutes ces restrictions qui s’accumulent dans les textes de lois constituent des accaparements du bien commun que le domaine public devrait représenter et suppriment des droits légitimes à l’usage collectif de la culture », poursuit le cofondateur de SavoirsCom1. Or, « quand la loi et les institutions restent sourdes, la voie de la désobéissance civile reste toujours ouverte et c’est de cela dont il sera question lors de cette exposition ».
« C’est le ras-le-bol face à l’aveuglement dont font preuve les institutions culturelles et leurs tutelles vis-à-vis de ces enjeux qui a motivé l’organisation de cette exposition ». Mais, continue Lionel Maurel, cette exposition est aussi une main tendue : « l’objectif est aussi d’interpeller les pouvoirs publics, et les candidats à la présidentielle, pour les inciter à remédier à cette situation en modifiant les dispositions ineptes des textes de loi qui rendent illégales ces pratiques ».
Si l’exposition vous tente, sachez que l’entrée sera à prix libre (c’est à vous de déterminer le montant de la dépense que vous souhaitez faire) et des goodies réalisés à partir des œuvres exposées seront proposés, également à prix libre. Car en effet, comme le rappelle Lionel Maurel, le «domaine public correspond à une liberté pleine et entière, allant jusqu’à la possibilité d’effectuer un usage commercial ».
À noter qu’une vente aux enchères d’une copie 3D du buste de Nefertiti est prévue, « dont l’original est conservé au Neues Museum en Allemagne. Le fichier qui a servi à faire cette reproduction a une histoire incroyable : il a été « exfiltré » du musée dans le cadre du projet « The Other Nefertiti » par des activistes souhaitant dénoncer les restrictions sur l’usage des numérisations en 3D des oeuvres patrimoniales ».
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