« C’est une image numérique, où le corps est absent, le résultat de procédés artificiels. » écrit Raphaël Fabre lorsqu’il reçoit, après en avoir fait la demande en avril, sa nouvelle carte d’identité. Et si cette dernière ressemble à des milliers d’autres avec son liseré bleu et ses lettres dorés, elle est accompagnée d’une image numérique.
En effet, la photo qui accompagne la carte, et qui justifie de l’apparence de son détenteur, n’est pas le fruit d’un photomaton mais d’une carte graphique.
Plus exactement, M. Fabre explique que le portrait imprimé sur ses documents d’identité a été réalisé sur ordinateur, grâce à différents logiciels. L’artiste souhaitait en fait reproduire les méthodes du cinéma ou des jeux vidéo pour ce qui est de la vraisemblance de cette photo-qui-n’en-est-pas-une.
Manifestement, l’exercice est réussi puisque l’administration n’a pas recalé son portrait lorsque le jeune homme l’a soumis à la mairie du XVIIIe arrondissement. L’artiste avait préalablement pris soin de respecter durant son travail les règles imposées par l’État en matière de cliché officiel (fond uni de couleur claire, visage face à l’objectif, sans couvre-chef, etc.).
Bien sûr, ce processus laisse à désirer. Mais si l’on considère le résultat obtenu par l’artiste, la duperie peut être relativisée : la photo qui orne sa carte étant ressemblante et fidèle au modèle, elle entretient une ambiguïté quant à sa nature.
C’est là le sujet de la réflexion de Raphaël Fabre qui, à la réception du récépissé de la demande, a ensuite expliqué sa démarche. Son autoportrait fictif mais réel a également été affiché à la galerie R-2 du XIVe arrondissement.
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