Les créateurs de contenus sur YouTube savent à quel point les algorithmes, notamment le Content ID System qui permet de repérer les vidéos et musiques étant soumis aux droits d’auteurs, peuvent être cruels. Ils servent notamment à démonétiser les vidéos utilisant des extraits de films diffusés sans accord des ayant-droits.
La chaîne Auralnauts connait bien le problème. Ses créateurs Zak Koonce et Craven Moorhaus se sont spécialisés dans les parodie de films et bande-annonces, avec une pratique en particulier : retirer la musique de certaines scènes emblématiques pour y ajouter un silence et des bruitages assez gênants et plutôt drôles.
C’est le cas de la vidéo Star Wars Minus Williams – Throne Room, parodiant la scène finale de La Guerre des Étoiles de George Lucas.
Warner veut faire payer le silence
Épargnée par les systèmes de protection de YouTube, cette vidéo a pourtant fait l’objet d’une demande de monétisation de la part de… Warner Music Group, la branche responsable de la diffusion des bandes-originales des films du studio hollywoodien.
Une demande étonnante, puisque deux musiques sont présentes dans cette vidéo : un morceau de Planètes de Gustav Holst, compositeur anglais, et un court extrait du morceau « The Throne Room and End Title », composé par John Williams, avant d’être totalement remixé au bout de quelques secondes, en fin de vidéo. Le reste n’étant que bruitage, difficile de croire à l’identification sur cette vidéo du « Star Wars Main Title », comme l’a indiqué Warner dans sa demande auprès de YouTube.
La demande a pourtant été acceptée, et les revenus générés par la vidéo ont été détournés pour revenir dans la poche de la maison de disque. La chaîne YouTube a quand même fait appel de cette décision et pris un risque, puisqu’au bout de trois demandes de ce type, le service vidéo est en droit de supprimer la chaîne.
Il aura fallu l’intervention du journaliste de Wired — dédiant une longue enquête sur cette histoire — pour que YouTube remette en place la monétisation de la vidéo pour la chaîne Auralnauts, en se montrant beaucoup plus compréhensif qu’auparavant.
Les ayant-droits préfèrent la monétisation à la suppression
Cette anecdote assez absurde, sur la démarche d’un ayant-droit essayant de monétiser une vidéo n’enfreignant pas les règles du copyright, aura le mérite de révéler que les compagnies détenant des droits, musicaux ou vidéos, semblent déterminées à récupérer l’argent « créé » sur leur dos.
Dans un rapport de Google datant de 2016, cité par Wired, il est indiqué que près de 95 % des démarches de ces compagnies sont des demandes de monétisation, et non de suppression comme cela pouvait être le cas avant. Sur l’année en question, YouTube s’est ainsi retrouvé à payer près d’un milliard de dollars de revenus publicitaire à l’industrie musicale. Une somme conséquente, mais qui, ramenée au nombre d’utilisateurs, tombe à 1 dollar par auditeur — là où un service comme Spotify a versé 20 $ par utilisateur en 2015.
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