D’où viennent Virgin Galactic et son projet de tourisme spatial ?
Fondée en 2004 par Richard Branson, la société Virgin Galactic a dû attendre quatre ans avant de dévoiler ses projets de tourisme spatial. À l’époque, le Britannique suggérait que le premier vol puisse avoir lieu dès l’année suivante, en 2009. En fait, le groupe devra patienter jusqu’en 2010 pour procéder à son premier vol plané et 2013 pour le premier test motorisé avec l’appareil en vol.
L’objectif de la compagnie ? Permettre, à terme, d’amener des touristes à la frontière de l’espace et ainsi profiter de quelques minutes d’apesanteur comme d’une vue unique, à la manière de ce que peut proposer l’agence spatiale européenne avec les vols paraboliques de l’Airbus A310 pour les vols Air Zero G, à ceci près que ceux-ci se déroulent à une altitude bien moindre.
Enchaînant les vols expérimentaux, l’entreprise du milliardaire britannique a fini par obtenir en mai 2014 le feu vert des autorités américaines pour transporter des passagers dans l’espace dans des vols commerciaux. Il était alors question de réaliser les premières rotations dès la fin de cette année. Hélas, les choses ont pris une autre tournure dans les mois qui ont suivi.
Le vaisseau de Virgin Galactic s’est écrasé dans le désert de Mojave, en Californie, tuant un pilote et blessant grièvement le second. L’erreur, d’origine humaine, a consisté à déclencher trop tôt le mécanisme de freinage du VSS Enterprise, le nom du vaisseau. À la suite de la catastrophe, plus aucun vol n’a eu lieu pendant pratiquement de deux ans. Les vols ont repris depuis 2016.
Comment fonctionne le vol ?
Pour envoyer des hommes dans l’espace, Virgin Galactic mise sur le vol suborbital. Il s’agit d’envoyer un aéronef suffisamment vite pour lui faire franchir les 100 km d’altitude. Ce seuil n’a pas été retenu par hasard : il s’agit de la ligne de Kármán, une démarcation fixée par convention par la Fédération aéronautique internationale. Elle indique la frontière entre l’atmosphère et l’environnement extra-atmosphérique.
Pour autant, Virgin Galactic doit faire attention à la vitesse de ses navettes : il ne s’agit pas en effet de les placer sur orbite. Il faut donc aller moins vite que la vitesse de satellisation minimale, afin que les vaisseaux touristiques puissent redescendre, sous l’influence de la gravité. L’altitude maximale à laquelle se rendra Virgin Galactic durant ces vols devrait être de 110 km.
Pour ses rêves de tourisme spatial, Virgin Galactic mobilise Eve, un énorme avion qui est chargé de transporter le VSS Unity, le vaisseau de classe SpaceShipTwo, aussi haut et vite que possible, avant de lui laisser prendre le relais. Pendant la phase d’ascension, le VSS Unity se détache d’Eve, allume son réacteur et atteint sans davantage d’assistance la limite de l’atmosphère terrestre.
Le retour sur Terre se fait ensuite à grande vitesse. Au cours de la décélération, Virgin Galactic utilise une procédure de freinage, nommée feathering. Employée sur le précédent modèle, le VSS Enterprise, elle doit être activée avec parcimonie : en effet, elle a été activée trop tôt lors du crash d’octobre 2014, causant la mort du pilote. Il aurait fallu la lancer à Mach 1,4 et non pas à Mach 0,9.
Combien coûtera un vol à bord du VSS Unity ?
Le prix du billet complet n’est pas connu avec certitude : il a été question d’un prix qui se situerait autour de 250 000 dollars. Plus récemment, il a été question d’un prix de 1 000 dollars, mais il ne s’agirait que du coût pour avoir le droit de réserver un siège. Car si c’est bien ce prix qui est appliqué, alors le vol spatial touristique est très bon marché. À peine le prix d’un smartphone haut de gamme !
Si le ticket d’entrée est de 250 000 dollars, alors rares sont les personnes qui auront les moyens de s’offrir ce vol suborbital sans risquer la ruine. Cependant, il existe toute une catégorie de particuliers très aisés qui pourrait être séduite à l’idée de faire un bref tour dans l’espace, ne serait-ce que quelques instants. Plusieurs centaines de riches amateurs se sont d’ailleurs manifestés pour obtenir un billet.
Ils seraient près de 600 à avoir réservé un vol. Un nombre qui n’a pas vraiment bougé au cours des dernières années : c’est à peu de choses près celui qui était évoqué déjà en septembre 2013 (700 tickets) et qui était encore mentionné à la toute fin de l’année 2016. C’est aussi ce nombre qui a été rappelé le 3 août par Virgin Galactic. En cinq ans, il est resté stable malgré les retards et l’accident de 2014.
Les vols suborbitaux de Virgin Galactic intéressent notamment diverses célébrités. Parmi les stars confirmées figurent les acteurs Leonardo DiCaprio et Ashton Kutcher, le chanteur canadien Justin Bieber ainsi que la chanteuse Lady Gaga. Richard Branson avait aussi offert un ticket à Stephen Hawking, le célèbre astrophysicien britannique, mais le destin en a décidé autrement.
D’autres vedettes sont également régulièrement citées comme figurant parmi les futurs passagers de Virgin Galactic. C’est le cas de l’ancien couple Brad Pitt et Angelina Jolie, la chanteuse Katy Perry et son ex-compagnon Russell Brand, un humoriste anglais, l’acteur Tom Hanks, l’actrice Mila Kunis ou encore le chanteur Lance bass. Une tête couronnée, Beatrice d’York, est aussi mentionnée.
Où en est le projet de Virgin Galactic ?
Depuis septembre 2016, Virgin Galactic a procédé à seize vols avec le vaisseau VSS Unity, successeur du VSS Enterprise. Il a été remplacé à la suite d’une catastrophe aérienne en octobre 2014, qui avait causé la mort du pilote. La société britannique avait alors suspendu pendant deux ans ses opérations. C’est au cours de cette période que le VSS Unity a été conçu puis présenté au public en février 2016.
Au cours de ces seize vols d’essai, l’entreprise a mis à l’épreuve l’engin de diverses façons : en le faisant filer à une vitesse supersonique, notamment à Mach 3, et en l’emmenant à plusieurs dizaines kilomètres d’altitude — le plafond atteint jusqu’à présent par le VSS Unity est de 90 kilomètres. Avant de passer à des vols motorisés, Virgin Galactic a aussi testé le comportement de l’engin en vol plané.
Les deux vols les plus récents se sont déroulés lors du premier semestre 2020, en mai et juin. Des vols modestes : le vaisseau est resté à une allure subsonique, avec des pointes à Mach 0,7 et Mach 0,85 (ce qui correspond à la vitesse de croisière d’un avion) et une altitude de 15 kilomètres. La pandémie de coronavirus a contraint Virgin Galactic à réduire la voilure, malgré des mesures sanitaires mises en place.
Quand aura lieu le premier vol touristique ?
Virgin Galactic a déclaré le 3 août 2020, lors de l’annonce de ses résultats financiers du deuxième trimestre, que son tout premier vol touristique dans l’espace doit survenir lors du premier trimestre 2021. Pour ce vol inaugural, Richard Branson himself montera à bord. Cette estimation de calendrier reste toutefois sujette à modification, car les tests du VSS Unity ne sont pas achevés.
D’ici la fin de l’année 2020, deux vols d’essai sont d’ailleurs attendus, à l’automne. D’autres pourraient suivre ensuite. Le premier vol impliquera deux pilotes d’essai dans le cockpit, et le second comptera six membres d’équipage — il y aura en effet quatre ingénieurs de vol à bord. Ces deux sorties permettront notamment de mettre en œuvre une nouvelle fois la propulsion du VSS Unity.
Jusqu’à présent, Virgin Galactic n’a pas dépassé l’altitude maximale de 90 kilomètres — c’est certes suffisant pour entrer dans la définition américaine de l’espace, qui est de 80 kilomètres, mais pas pour cocher la case de la définition internationale. Pour cela, il faut passer la barre des 100 kilomètres de haut. Ce n’est toutefois qu’une convention : dans les faits, c’est pratiquement l’espace.
Pour mettre fin au débat, Virgin Galactic pourrait procéder à un vol d’essai au-delà de cette limite. Cela permettrait en outre de pousser plus les tests de performance de son vaisseau spatial. L’entreprise ne s’en cachait d’ailleurs pas : dans un communiqué de 2018, elle disait vouloir enclencher le moteur de la fusée pour faire « voler encore plus vite et plus haut » le VSS Unity.
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