« On a reconditionné un bateau de légende », sourit le capitaine Victorien Erussard. Un peu plus loin, l’Energy Observer est amarré au bord de la Seine en plein cœur de Paris. Même de l’autre côté du fleuve, difficile de louper le navire de 30,5 mètres de long et 12,80 mètres de large, qui attend sagement son baptême en ondulant légèrement sur l’eau.
Il est environ 15 heures, le 6 juillet 2017, dans la grande salle du Club des Bateaux Mouches de Paris. Toute l’équipe de l’Energy Observer, le premier catamaran autonome français, est venue inaugurer le début d’une longue aventure nautique de plusieurs années.
Un ancien voilier
Avant d’avoir été recyclé en navire autonome, l’Energy Observer a porté plusieurs noms. Celui d’Enza New Zealand lui apporte son heure de gloire : manœuvré par Sir Peter Blake, le bateau remporte le Trophée Jules Vernes en 1994. C’est dans la décennie 2010 que son histoire va prendre le tournant des énergies renouvelables et de l’hydrogène, avec le projet de changer le voilier en engin flottant autonome à zéro émission.
Un projet aujourd’hui concrétisé, puisque l’Energy Observer s’apprête à voguer sur les eaux fluviales et côtières de la France jusqu’à la fin de l’année 2017. Depuis Paris, le bateau doit réaliser dix escales qui l’emmèneront jusqu’à Monaco. En 2018, le bateau et son équipage entameront alors un tour du monde qui commencera en Méditerranée.
Plusieurs sources d’énergie renouvelable pour palier l’intermittence énergétique
Un ambitieux voyage maritime, qui a posé le défi de l’autonomie et de la mixité énergétique. « Nous avons utilisé plusieurs sources d’énergie renouvelable pour palier l’intermittence énergétique, explique le capitaine Victorien Erussard. L’hydrogène est l’atome le plus présent dans l’univers, il a un formidable pouvoir énergétique. Néanmoins, il n’existe que très peu à l’état naturel ; grâce au procédé de l’électrolyse, l’eau de mer est transformée en hydrogène. »
120 m² de panneaux solaires
Outre la production de son propre carburant — dont la combustion ne rejette ni CO2 ni particules fines –, le navire est également équipé de 120 mètres carré de panneaux photovoltaïques, deux éoliennes à axe vertical et d’un cerf-volant de traction. À bord de l’Energy Observer, se trouve également une pile à combustible (dont la chaleur est réutilisée) ainsi que des batteries de puissance qui doivent permettre de stocker l’énergie à court terme.
Jusqu’en 2022, tout ce matériel fendra les eaux à bord du bateau avec, au programme, 101 escales réparties dans 50 pays. Le navire écolo, que son équipage surnomme la « Calypso du XXIe siècle », ne servira pas seulement à tester le potentiel des énergies renouvelables pour faire avancer un bolide naval. L’expédition sera immortalisée en réalité virtuelle, en 3D ainsi qu’en immersion à 360°. À chaque escale du bateau, un dôme géodésique sera déployé pour faire vivre au grand public des expériences en immersion et réalisées à bord de l’Energy Observer.
« L’écologie peut être high tech »
Sous l’égide du Laboratoire d’innovation pour les Technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux, les technologies utilisées à bord du bateau sont également destinées à inspirer d’autres applications. « L’Energy Observer est un laboratoire compact, vivant et naviguant, s’enthousiasme Florence Lambert, directrice du laboratoire. Et ses technologies ont vocation a être transférées vers les industries. Energy Observer montre que l’écologie peut être high tech. »
L’expédition de l’Energy Observer sera suivie de près par l’Unesco, notamment lors des escales prévues dans des réserves de biosphère. Par ailleurs, le bateau est parrainé par Nicolas Hulot. C’est d’ailleurs à l’actuel ministre de la Transition écologique et solidaire, qui accompagne le projet d’Energy Observer depuis 2014, qu’est revenu le privilège de baptiser le navire à Paris.
La bouteille de champagne brisée dans un geste symbolique, l’Energy Observer peut désormais prendre le large avec le défi de gérer son énergie en circuit totalement autonome pour les six ans à venir.
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