Lorsque l’on parle d’établir un avant-poste sur la Lune, on pense la plupart du temps à une base construite à la surface, avec pour seule compagnie, aux alentours, de vastes plaines désertiques agrémentées de quelques cratères ici ou là. L’imaginaire collectif regorge de ces images nées de l’imagination de générations de cinéastes, d’écrivains et d’illustrateurs.
Et si, au lieu de s’installer « en extérieur », les astronautes optaient à la place pour une zone un peu moins exposée ? Un endroit dans lequel on pourrait s’abriter. Une grotte par exemple ? Oui, une grotte : un peu comme celles que l’humanité occupait du temps de la préhistoire pour se mettre à l’abri des dangers extérieurs, il y a plusieurs centaines de milliers d’années.
Ce serait un drôle de retour aux sources.
C’est pourtant bien ce qu’il pourrait se produire dans les quelques dizaines d’années à venir, lorsque les agences spatiales du monde entier commenceront à établir des bases sur la Lune. En effet, la sonde japonaise d’observation lunaire Selene / Kaguya a détecté une grotte gigantesque sur le satellite, qui était probablement autrefois un tunnel de lave volcanique actif il y a… 3,5 milliards d’années.
Et on ne parle pas d’une petite cavité : celle qui a été détectée fait 100 mètres de large mais surtout… 50 kilomètres de long ! Soit, pour vous donner une idée, la distance à vol d’oiseau entre Paris et Étampes, dans le sud de l’Essonne. En comparaison, le gouffre Krubera-Voronja, qui est sur Terre la cavité naturelle, connue et accessible depuis la surface, la plus profonde au monde, ne mesure « que » 16 kilomètres.
Mais au-delà des caractéristiques physiques de la grotte, quel serait l’intérêt pour les astronautes de s’y installer (en bordure, pas forcément tout au fond) ? Tout simplement pour survivre. Cela paraît être une très bonne raison pour opter pour ce type d’abri : c’est ce qu’explique Junichi Haruyama, un scientifique travaillant au sein de l’agence spatiale japonaise, cité par le Guardian.
Les tunnels de lave « pourraient être les meilleurs sites candidats pour les futures bases lunaires, en raison de leurs conditions thermiques stables et de leur potentiel à protéger les personnes et les instruments des micrométéorites et des rayonnements cosmiques », fait-il remarquer. Des problématiques qu’il faudra aussi résoudre lorsque l’humanité ira sur Mars, les obstacles étant similaires.
Il faut savoir que les températures à la surface peuvent varier énormément. En moyenne, elles sont très froides (-23°C), et peuvent descendre encore plus bas (-233°C) ou atteindre des sommets (123°C). D’où l’intérêt de trouver une zone plutôt accueillante. « Le même environnement stable et protégé profiterait aux futurs explorateurs et en fait aussi une cible attrayante pour les études scientifiques », ajoute-t-il.
Il existe aujourd’hui plusieurs annonces sur un retour de l’homme sur la Lune ou dans ses environs. Les États-Unis et la Russie entendent par exemple coopérer pour construire une station lunaire. De leur côté, l’Union européenne et la Chine voudraient bâtir une base sur la Lune. Il y a aussi des programmes plus nationaux, du côté des États-Unis, de la Chine et du Japon pour retourner sur la Lune d’ici cinq à dix ans.
Il faut dire que la Lune apparaît de plus en plus comme une étape obligée avant d’aller sur la planète rouge.
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