Face à l’hésitation sur les vaccins, faut-il faire appel au bénéfice personnel ou collectif ? C’est le questionnement d’une étude réalisée en Angleterre, et qui conclut que les personnes les plus hésitantes ont besoin d’informations sur leurs avantages personnels à se faire vacciner, ainsi que sur la sécurité des vaccins.

La gestion d’une crise sanitaire comme la pandémie inédite que nous vivons depuis 1 an et demi revêt deux aspects : une dimension individuelle et une dimension collective. Cela fonctionne d’emblée pour les gestes barrières, tels que la distanciation ou les masques, puisqu’ils servent à se protéger tout comme à protéger les autres. La vaccination est également concernée par cette double dimension, bien que cela soit moins intuitif.

Dans un papier de recherche publié à la mi-mai 2021, des spécialistes en psychologie et en communication se sont penchés sur les personnes « vaccino-sceptiques ». Il ne s’agit pas des antivaccins, mais de celles et ceux qui sont simplement en situation d’hésitation face au vaccin contre le coronavirus.

Les avantages personnels et la sécurité, clés contre l’hésitation forte

Cette étude repose sur un sondage réalisé auprès de 18 855 personnes résidant en Angleterre, où la vaccination est dorénavant particulièrement avancée, mais où 16 % de la population serait « incertaine » et 12 % « fortement hésitante ». Les auteurs ont cherché à mesurer quel type de communication était la plus efficace pour rassurer ces personnes : faut-il axer sur le « bénéfice personnel » ou le « bénéfice collectif » ?

Dans les faits, ces deux avantages fonctionnent en symbiose :

  • Les vaccins sont très efficaces pour être soi-même protégé du coronavirus. Ils ont de très bons résultats pour éviter les infections symptomatiques et, même en cas d’infection asymptomatiques, ils sont encore plus efficaces pour empêcher les formes graves de la maladie, ainsi que les hospitalisations et les décès.
  • À un niveau collectif, l’utilité des vaccins est décuplée lorsqu’une part majeure de la population est vaccinée. Effectivement, les vaccins contre le coronavirus freinent bien la transmission, mais il n’est pas totalement impossible de contracter la maladie dans une forme non grave, ou même d’être asymptomatique. En revanche, lorsque presque toute une communauté est vaccinée, ces risques sont statistiquement amoindris. Par ailleurs, les formes asymptomatiques portent une charge virale plus faible, ce qui réduit les risques de contaminer les autres. Enfin, la vaccination de toute la population permet plus facilement une reprise économique.

Dans ce sondage, les chercheurs ont constaté que, chez les personnes naturellement partantes à l’idée de se faire vacciner et même chez celles simplement incertaines, soit la grande majorité de la population, la nature de l’information sur les vaccins n’était pas une variable importante : les bénéfices collectifs et personnels fonctionnent tous deux assez bien.

En revanche, chez les personnes « fortement hésitantes », l’hésitation à se faire vacciner est réduite par une communication axée sur les avantages personnels et sur la sécurité individuelle. Ces informations clés concernent principalement la réduction du risque d’avoir une version longue de la maladie Covid-19 ou de contracter une forme très grave. Qui plus est, ces personnes fortement hésitantes sont généralement inquiètes de la rapidité de développement des vaccins, informer sur l’absence de dangers dans la « course au vaccin » a donc un effet significatif pour convaincre. Ces deux plans, le bénéfice personnel et la sécurité, sont interactifs : « la croyance en un risque personnel lié aux vaccins pourrait être mieux contrebalancée par un message sur les avantages personnels ».

Les auteurs de l’étude concluent que leurs travaux montrent combien des informations « soigneusement rédigées » peuvent avoir un impact important sur « la volonté de se faire vacciner contre la Covid-19 chez les personnes les plus réticentes ». Il s’agit en fait de prendre en compte, dans la communication et l’information sur le sujet, les différents points de vue qui peuvent s’exprimer, et de ne pas faire comme si certaines inquiétudes, n’existaient pas même lorsqu’elles sont minoritaires. On comprend aussi combien évoquer factuellement les questions de sécurité des vaccins est crucial — par exemple sur le fait que les effets secondaires soient normaux et bénins.

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