À l’occasion de l’ouverture de la conférence internationale sur le climat à Paris, la fameuse COP21, Numerama a contacté lundi les principaux hébergeurs français pour connaître leur niveau de performance en matière d’énergie renouvelable et de politique GreenIT. Même si l’industrie affirme que le Cloud consomme moins que les serveurs de stockage ou de calculs qui dorment dans les entreprises, et même que la France pourrait économiser 62 000 tonnes de CO² en basculant à 80 % vers le Cloud, les data centers constituent des sources énergivores qui demandent l’attention des hébergeurs.
Nous avons donc souhaité connaître la part de leur consommation électrique alimentée par des sources d’énergies renouvelables (éolien, panneaux solaires, barrages hydrauliques, biomasse, géothermie…), celle éventuellement produite en interne grâce à leurs propres installations, et le choix éventuel de matériaux plus respectueux de l’environnement dans leurs datacenters.
Nous pensions que les réponses nous parviendraient très rapidement tant l’énergie renouvelable peut aussi être synonyme d’économies sur la facture électrique, et tant le sujet est brûlant d’actualité.
Mais à notre surprise il a été difficile d’obtenir des réponses, qui tapent pour la plupart à côté de nos questions précises. N’ont pas encore répondu Gandi, SFR, et Iliad/Free. Numergy nous a répondu qu’il était difficile pour eux de répondre car il « ne possède pas de data center en propre mais uniquement des espaces dans les datacenter de SFR ou autres ».
Ont répondu OVH, Orange et Ikoula. Voici leurs réponses.
OVH : D’abord Le souci de réduire la consommation d’énergie
« OVH a entamé il y a plus de 10 ans un processus de réduction de sa consommation d’énergie. Cela a commencé en 2003, avec la mise en place du système de watercooling sur les serveurs de l’ensemble des centres de données du groupe, ce qui permet de disperser 70% de la chaleur émise par le processeur des serveurs.
En 2007, la société a développé le concept d’ÉcoSalles : les climatiseurs y sont remplacés par un système de ventilation naturelle assurant, grâce à des allées chaudes et froides, la régulation des températures. L’association des ÉcoSalles et du watercooling permet aujourd’hui aux datacentres d’OVH d’atteindre un PUE (Power Usage Effectivess, un indicateur de référence mal standardisé, ndlr) compris entre 1 et 1,2.
Le centre de données de RBX (Roubaix) a été conçu dans le but de réduire la consommation d’énergie : c’est une tour creuse en son centre, destinée à être traversé par l’air extérieur afin de réguler la température des serveurs. Une fois réchauffé par les machines, l’air est évacué en face arrière des serveurs, par la « cheminée ». La climatisation y est totalement absente. »
Le premier hébergeur d’Europe a par ailleurs une page dédiée à ses pratiques éco-responsables.
Orange : 21 % de CO2 consommé en moins depuis 2006
« Orange s’engage pour la réduction de ses émissions de CO2 et de ses consommations énergétiques. Tous les métiers du Groupe sont mobilisés dans cette démarche depuis de nombreuses années.
Les efforts ont porté sur trois domaines :
- les réseaux et data centers
- les flottes de véhicules
- les bâtiments
Ceux-ci ont permis de faire baisser de 21% les émissions de CO2 par client depuis 2006 (calcul fait sur 11 pays représentant plus de 90 % des émissions de CO2 du Groupe Orange en 2014).
La performance de notre data center de Normandie qui présente un PUE (Power Usage Effectivness) pouvant atteindre 1,3, alors que ce même référentiel se situe plus traditionnellement entre 1.9 et 2.5 en est une réalisation marquante. C’est grâce à la mise en place d’un système de refroidissement qui utilise au maximum l’air ambiant de Normandie plutôt que des systèmes de climatisations énergivores. A titre d’exemple en juillet 2015 malgré de fortes périodes caniculaires, notre Data center normand a eu recours à 65% à son système innovant dit de free cooling. C’est donc sur une année entière, une économie d’énergie équivalente à la consommation électrique d’une ville de 30 000 habitants comme Périgueux. »
Ikoula
En guise de réponse, Ikoula nous a communiqué copie d’une tribune publiée en octobre 2015 par son responsable des infrastructures, Aurélien Poret, intitulée « Green IT, et si l’enfer écologique était pavé de bonnes intentions ? ». Il y explique qu’il ne faut pas se précipiter à adopter des équipements plus écologiques, car « si tous les serveurs sont remplacés sur une courte période, l’empreinte carbone, liée à la destruction et au recyclage des matériaux et des métaux utilisés dans les serveurs et les systèmes de climatisation, sera très élevée ».
M. Poret y rappelle également que « à partir du 1er janvier 2016, les Data Centers bénéficieront d’une réglementation industrielle obligeant le changement de tarification et l’adoption d’un tarif libre » et qu’il « est donc important de choisir un fournisseur d’énergie « vert » et d’utiliser des sources 100% renouvelables ».
Mais le cadre d’Ikoula n’y livre aucun chiffre sur les performances énergétiques de l’hébergeur.
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