Pour déconstruire les (nombreux) clichés véhiculés sur les immigrés, un blog permet aux passagers de taxis, Uber et autres VTC de raconter une rencontre mémorable avec des chauffeurs. Autant de récits qui ont pour point commun récurrent de retracer les parcours d’immigrés venus des quatre coins du globe, qu’ils travaillent à Paris, New York ou ailleurs.

L’habitacle d’un taxi, d’un Uber ou d’un Lyft est un endroit singulier : si le chauffeur et ses passagers n’échangent parfois aucun mot pendant la course (excepté quelques formules de politesse) ou bien se livrent à des échanges tendus comme le patron d’Uber, Travis Kalanick, d’autres trajets peuvent donner lieu à des discussions mémorables.

Ce sont ces moments que le projet Riding Up Front, un blog qui apporte son soutien aux immigrés et réfugiés, entend mettre à l’honneur.

Lancé à la mi-mars 2017, le blog regroupe déjà plusieurs publications racontant les souvenirs de passagers. Chaque histoire est illustrée par des artistes bénévoles, qui peuvent aussi exposer leurs créations dans une galerie dédiée.

Alexandra Burda

Alexandra Burda

Récits de vie à bord d’un VTC ou d’un taxi

Ce projet est né d’une idée de Wei-En Tan, une cliente qui s’est souvenue d’une discussion avec un chauffeur Uber qui l’avait conduit à New York. Intriguée par l’air triste du conducteur, elle s’est assise à l’avant du véhicule avec lui et a commencé à lui poser des questions sur sa vie. Le chauffeur, répondant au nom de Muhammad, lui a alors expliqué qu’il avait quitté le Pakistan, où il était ingénieur, mais qu’il n’arrivait pas à trouver du travail aux États-Unis.

Ce témoignage a inspiré à Wei-En Tan, une native de Singapour elle-même immigrée aux États-Unis, qui a pensé à ce blog où elle pourrait raconter ses rencontres lors de ses voyages d’affaires. L’idée d’en faire par la même occasion un espace pour déconstruire les clichés sur les personnes immigrées s’est imposée à elle au moment de l’élection du président des États-Unis, Donald Trump, connu pour sa politique anti-immigration. « Beaucoup de gens ne réalisent pas que les immigrés partagent leurs valeurs. Nous prenons soin de nos familles, nous travaillons dur, nous payons nos impôts », rappelle-t-elle.

Les contributeurs du monde entier peuvent à présent envoyer leurs récits et dessins à l’équipe des six volontaires qui fait vivre le blog. Pour l’instant, une quinzaine d’histoires — dont plusieurs signées Wei-En Tan — ont déjà été publiées.

Nina Rupena

Nina Rupena

Beaucoup de gens ne réalisent pas que les immigrés partagent leurs valeurs. Nous prenons soin de nos familles, nous travaillons dur, nous payons nos impôts

Ainsi, une contributrice du nom de Nina raconte par exemple comment elle s’est liée d’amitié pendant quelques instants avec son chauffeur Kemal en Bosnie-Herzégovine. La passagère explique qu’elle se rendait non loin de Sarajevo pour retrouver la maison de son enfance, qu’elle n’avait pas vu depuis qu’elle avait émigré avec sa famille en Australie.

Un autre contributeur raconte quant à lui sa rencontre à Paris avec un chauffeur Uber, en plein milieu d’une grève des transports alors qu’il devait se rendre à l’aéroport. Et comment Fathi, le chauffeur, a réussi à transporter son passager en temps et en heure pour qu’il puisse attraper son vol.

Le blog, bénévole, n’offre aucun revenu à ses contributeurs, qu’ils soient rédacteurs ou dessinateurs. Si Riding Up Front parvient à générer des bénéfices, Wei-Ein Tan envisage de les redistribuer à des organismes comme l’Association américaine pour les libertés civiles (ACLU), qui s’est récemment opposée au décret d’immigration de Donald Trump.

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