Lors du MWC 2017, Nokia avait fait venir la presse pour célébrer en grandes pompes deux événements : son arrivée sur le marché des smartphones Android et le retour du fameux Nokia 3310. La première annonce, plus intéressante que la seconde, est passée relativement inaperçue dans la communication déployée par la marque possédée désormais par HMD. Car en effet, le Nokia 3310 n’est pas qu’un téléphone, c’est un symbole et un fantasme. Symbole d’une époque où la téléphonie n’était pas encore smart et où le jeu mobile se cantonnait à Snake, fantasme d’un smartphone incassable et à l’épreuve du temps.
Malheureusement, tous ceux qui ont pu essayer l’ersatz de 3310 produit par HMD en 2017 ont vu à quel point l’entreprise s’était moquée des fans de l’engin. Jouant sur le marketing de la nostalgie, HMD a très largement échoué là où un Nintendo a su faire un carton avec sa Nes Classic Mini. Le 3310 de 2017 ne ressemble pas à son ancêtre (d’aucuns diront que ses arrondis le rendent laid), il n’est pas robuste et n’est pas plaisant à utiliser. Pire, les classiques qu’on aurait imaginé revoir sur le téléphone sont absents : Snake n’a pas été installé dans sa version originale — réservée à Facebook. Oui, vous pouvez avoir une meilleur expérience de l’antique jeu sur un smartphone moderne que sur le 3310 proposé par HMD.
S’il fallait ajouter une couche d’absurdité à ce tableau déjà bien gratiné, notons que l’appareil ne fonctionne que sur les réseaux 2G et qu’il coûte la bagatelle de 70 € en France.
À ce prix-là, vous pourrez acquérir un smartphone d’entrée de gamme. Ce ne sera pas un Galaxy S8, mais vous pourrez naviguer sur le web confortablement et consulter vos emails. On trouve des tas d’engins sous la barre des 70 € sur Amazon. Si vous souhaitez un téléphone « détox », c’est encore plus simple : vous trouvez des références à partir de 10 €. Ce n’est pas écrit Nokia sur l’engin, mais ce n’est pas plus mal. Si, enfin, vous rêvez d’un 3310, pourquoi ne pas opter pour la version originale ? On en trouve entre 30 et 40 € sur eBay. Au moins, vous aurez un véritable objet vintage.
Si vous souhaitez faire une pause dans votre vie numérique, mieux vaut ne pas avoir de téléphone du tout
Quand au fantasme de retrouver une vie moins connectée en retournant sur un feature phone, sachez qu’il est très largement surestimé. Nous avons tenté de réutiliser un téléphone star de l’ère pré-smartphone, le Motorola Aura, et c’était un véritable cauchemar. L’ergonomie est infernale, les boutons sont mal pensés, toute l’interface, rigide, est tournée autour des appels, la qualité audio est calamiteuse, l’écriture au clavier numérique est une plaie… bref, clairement, ce n’était pas mieux avant. Si vous souhaitez faire une pause dans votre vie numérique, mieux vaut ne pas avoir de téléphone du tout qu’un engin qui vous donnera envie de l’éclater contre un mur en deux heures chrono.
70 €, c’est une belle somme que ne mérite très certainement pas HMD avec son Nokia 3310. Et pour sanctionner ce genre de ressorties, il n’y a qu’une chose en faire en tant que consommateur : ne pas consommer et montrer que votre nostalgie ne s’achète pas avec n’importe quoi.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.